LES GRANDS ÉCRIVAINS DE LA FRANCE
NOUVELLES ÉDITIONS RUSTICAS SOUS LA DIRECTION DE M. AD. REGNIER
Membre de l'Institut
MÉMOIRES DE SAINT-SIMON
NOUVELLE ÉDITION
COLLATIONNÉE SUR LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE
AUGMENTÉE DES ADDITIONS DE SAINT-SIMON AU JOURNAL DE DANGEAU
et de notes et appendices
PAR A. DE BOISLISLE
Et suivie d'un lexique des mots et locutions remarquables
TOME PREMIER
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET CIE
BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
1879 Tous droits réservés
AVERTISSEMENT
L'histoire de l'emprisonnement des manuscrits de Saint-Simon aux Affaires étrangères, de la communication des Mémoires à un petit cercle d'amateurs lettrés, et enfin de leur mutilation par un éditeur coutumier de pareils méfaits, a été écrite trop récemment pour qu'il y ait lieu d'y revenir ici. Ce serait d'ailleurs anticiper sur la notice bibliographique qui viendra en son temps.
Nous nous bornerons à rappeler en quelques mots qu'aucune des publications de fragments de Saint-Simon qui se succédèrent entre 1781 et 1818 ne fut préparée sur le manuscrit original : toutes eurent pour base soit la copie, ou plutôt la réduction faite par ordre du duc de Choiseul, soit les extraits tirés du manuscrit par les historiographes Duclos et Marmontel, soit quelques-unes des copies de seconde main.
Cette compilation informe de passages pris à l'aventure et remaniés au gré de chaque nouvel éditeur allait être encore rééditée en 1828, lorsqu'un représentant du nom de Saint-Simon, mis, par ordre du roi Louis XVIII, et surtout grâce au bon vouloir d'un ministre plus libéral que ses prédécesseurs, en possession du manuscrit original, put enfin livrer au public un texte à peu près conforme à ce manuscrit, en y pratiquant toutefois ce qu'il appelait << les corrections et les retranchements indispensables >>.
Édition | Année | Volume | Format |
---|---|---|---|
Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon | 1829-1830 | 21 volumes | in-8° |
Édition par Delloye | 1840 | 40 volumes | in-18 |
Édition par les frères Garnier | 1883 | 40 volumes | in-18 |
Édition par M. Chéruel | 1856-1858 | 20 volumes | in-8° |
Réimpression des dix premiers volumes | - | 13 volumes | - |
Premier tirage | 1856 | - | in-42 |
Deuxième tirage | 1861 | - | - |
Troisième tirage | 1863 | - | in-18 |
Quatrième tirage | 1865 | - | in-16 |
Rééditions du texte de 1840 | 1856 | 20 volumes | in-8° |
Rééditions illustrées | 1856 | 5 volumes | in-4 |
Seconde édition | 1873-1875 | - | - |
De 1873 à 1875
Il parut dix-neuf volumes de cette édition (in-12). Le XIXe volume contient, en suite des Mémoires, le premier recueil qu'on ait formé de la correspondance de Saint-Simon. Quant à la table alphabétique générale dressée par l'auteur lui-même, mais restée inédite jusqu'en 1877, à cause de sa séquestration au Dépôt des affaires étrangères, et qui remplit actuellement le tome XX, sa publication a été préparée et surveillée par une main pieuse, qui avait secondé Adolphe Regnier dans la nouvelle collation de tout le manuscrit.
Deux volumes encore viendront s'ajouter à cette édition, l'un contenant un supplément de lettres de Saint-Simon, de documents inédits et de notices ; l'autre, une table analytique et alphabétique des Mémoires destinée à suppléer à l'insuffisance de celle de Saint-Simon. Cette table est due aux soins de M. Jules Guérin, archiviste aux Archives nationales, et s'imprime actuellement.
Description du manuscrit des Mémoires
Le manuscrit des Mémoires de Saint-Simon, qui appartient à MM. Hachette et Cie, se compose de cent soixante-treize cahiers in-folio, de 36 centimètres de haut sur 24 de large ; chaque page renferme environ cinq cents mots.
Le duc d'Orléans, qui avait mauvaise vue, ne put lire les manuscrits de son conseiller, car parfois, sur cette mise au net d'apparences si parfaites, le paléographe le plus patient épuise en vain les ressources de son expérience.
Hâtons-nous d'ajouter que ce cas ne se présente pas souvent, et que nous indiquerons toujours en note nos doutes et les différentes lectures auxquelles le manuscrit peut se prêter. Il sera tenu compte de même des ratures, surcharges, corrections, additions en interligne ou à la marge, et généralement de toutes les modifications apportées par Saint-Simon à son texte, lorsqu'il l'a recopié ou quand il l'a revu après coup.
Outre que ce relevé donnera aussi fidèlement que possible l'aspect du précieux manuscrit, il ne sera pas inutile, soit de loin en loin, pour éclaircir le sens du récit, soit pour faire connaître les procédés de composition et de rédaction de l'auteur.
Quoique notre but soit, on le voit, de donner une espèce de fac-similé du manuscrit, il y a trois points sur lesquels nous devons nous concentrer.
On en pourra juger par le fac-similé de la première page. Mémoires, tome VII, p. 408-409. C'est cette << petite écriture >> dont il se servait << pour écrire vite et se suivre lui-même >>, et que bien d'autres personnes que le duc d'Orléans ne pouvaient déchiffrer. Quant aux légendes des précédentes éditions, comme nous avons sous les yeux le manuscrit autographe et unique, il n'y a pas lieu de les mentionner, sauf, ça et là, celles des deux dernières, dans quelques passages de lecture douteuse.
Quelles
Nous ne saurions le suivre d'aussi près ; ce sont : l'orthographe, la ponctuation, et les divisions du récit. La grammaire et l'orthographe de Saint-Simon présentent toutes deux une telle variété de licences et d'irrégularités. La première présente tant d'ellipses et de pléonasmes, de latinismes, d'enchevêtrements et d'accords extraordinaires se rapportant à l'idée plutôt qu'aux mots, qu'il serait impossible de les signaler à chaque fois. Ce sera l'affaire du Lexique qui complétera un jour l'édition.
Il va sans dire que, dans l'établissement du texte, les irrégularités de grammaire et de syntaxe seront maintenues ; nous ne corrigerons que les lapsus évidents, en indiquant dans l'annotation quel est le texte du manuscrit. Mais l'orthographe, avec ses anomalies, ses incohérences et ses diversités, ne saurait être conservée : Saint-Simon lui-même n'a pas reproduit son manuscrit tel quel à l'impression.
Nous suivrons la règle adoptée pour toute la collection des Grands écrivains et emploierons partout l'orthographe moderne, sauf l'usage qui est de constant usage dans les textes antérieurs au dix-neuvième siècle, et excepté un très petit nombre de mots qui, par leur forme, rappellent quelque cas intéressant d'étymologie ou de prononciation.
L'orthographe des noms de personnes, français ou étrangers, sera l'objet d'une attention toute particulière. On l'établira d'après les documents les plus sûrs, autant que possible d'après les signatures, ou tout au moins d'après les titres de famille et les actes du temps offrant des garanties d'authenticité et d'exactitude. Cette restitution, qui n'avait pas été faite jusqu'ici, rectifiera plus d'un nom que généralement on écrit mal, et en révélera d'autres qui étaient devenus méconnaissables sous la plume de Saint-Simon.
Pour les noms de lieux français, nous suivrons, sauf exception justifiable, l'orthographe du Dictionnaire des Postes ou des Dictionnaires topographiques ayant un caractère officiel. De même pour les noms étrangers ; toutefois, quelques-uns de ceux-ci ont été francisés par l'usage et, sous peine de dérouter le lecteur, il faudra leur conserver la forme la plus connue chez nous. Saint-Simon, dans ce cas-là, a employé tantôt le nom francisé, et tantôt le nom étranger.
Pour les localités d'Allemagne| Numéro | Détails |
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Plet des Mémoires
Lémontey, seul alors à connaître le manuscrit original, insista sur la nécessité d'un contrôle attentif. Quarante ans plus tard, lorsque les éditions de 1829, 1840 et 1853 avaient acquis aux Mémoires une première popularité, Montalembert, qui s'était mis à la tête des plus fervents admirateurs de Saint-Simon, établit, avec autorité, ampleur de vues, netteté de principes et précision, qu'il était urgent de donner à l'histoire et à la vérité les satisfactions déjà réclamées par Lémontey. Cela signifiait joindre à un texte si précieux les annotations et les rectifications propres à lui prêter encore plus de valeur. L'illustre écrivain venait récemment d'obtenir que l'Académie française ouvrit un concours d'éloquence sur la Vie et les Œuvres de Saint-Simon.
L'empereur Napoléon Ier
Le chargea, en 1808, de préparer une histoire politique du dernier siècle, et le Département des affaires étrangères lui fut ouvert à cette occasion. << On ne saurait, disait-il en 1816, exploiter cette mine sans de grandes précautions... L'auteur composa ses Mémoires dans sa vieillesse, longtemps après les événements ; aussi lui arrive-t-il fréquemment d'oublier les dates, de confondre les faits, de se méprendre sur les personnes. La trempe de son esprit le rendait peu propre aux grandes affaires, et l'on voit que, même sous la Régence, où il joua un rôle important, il ne connut que très superficiellement le système de Law et le complot du prince Cellamare. J'ai d'ailleurs la preuve que plus d'une fois le duc d'Orléans prit plaisir à le tromper par de fausses confidences. Mais ce qui l'égare le plus souvent, ce sont ses passions, son fanatisme ducal, ses haines, ses jalousies. Il accueille et amplifie, sur parole, des sarcasmes sans vérité, des bruits fabuleux, de méprisables calomnies... Quand, aigri par la solitude, il compose son fiel, tout lui semble bon, pourvu que ce soit méchant, étrange ou scandaleux... Je ne conseillerais de s'abandonner entièrement à la foi de M. de Saint-Simon que sur les affaires où il a été personnellement acteur désintéressé, et lorsque son récit est confirmé par des témoignages moins suspects que le sien. >> (Préface de l'Histoire de la Régence, tome I, p. 3-4.)
Contrôler les Mémoires
Discours Présentés | Vainqueurs | Édition Critique | Patronage de Société Savante |
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14 | MM. Poitou et Amédée Lefèvre-Pontalis | Oui | Oui |
Quatorze discours avaient été présentés, dont plusieurs étaient remarquables tant par l'abondance des informations que par leur valeur littéraire. L'un ou l'autre des deux vainqueurs, MM. Amédée Lefèvre-Pontalis, semblait naturellement appelé à entreprendre une édition critique, et Montalembert comptait en outre obtenir le patronage d'une Société savante qui avait déjà songé à donner un supplément aux Mémoires. Cependant, engagée pour des publications de très longue haleine, la Société à laquelle il s'adressait recula devant une nouvelle entreprise qui risquait d'absorber ses ressources durant un temps indéfini, et qui, sans doute, se serait compliquée de certaines questions de propriété littéraire. D'ailleurs, on comptait que les Mémoires reparaitraient prochainement par les soins d'un érudit dont la compétence faisait espérer que, cette fois enfin, les admirateurs.
Nous parlons de la Société de l'Histoire de France.
M. de la Villegille lui demanda, en 1845, de faire une édition nouvelle de Saint-Simon ; mais, sur l'observation mal fondée de Monmerqué (qui connaissait cependant le manuscrit) que le texte de 1829 était une reproduction << très fidèle et à peu près complète de l'autographe, >> le Conseil de la Société étudia seulement la préparation d'un supplément aux Mémoires, qui comprenait les lettres et mémoires du duc Claude de## Passant au commentaire explicatif
<< Tout a son importance, disait Montalembert, quand il s'agit d'un si grand écrivain et d'un si vaste monument. Il mérite, tout autant que Racine ou Molière, Rabelais ou Montaigne, une explication scrupuleuse de son texte. Aucun écrivain, aucun historien surtout, n'a plus besoin d'être commenté, éclairé, rectifié, corrigé. Son récit est souvent confus, obscur, contradictoire. On éprouve à chaque pas le désir de savoir de qui et de quoi il est question, quand l'auteur a parlé pour la première fois du sujet ou du personnage qu'il fait tout à coup réapparaître, ce qu'il en dit, et surtout ce qu'il faut en croire et ce qu'on peut en savoir d'autre part.
Je ne parle pas seulement des détails biographiques et chronologiques, des alliances et des parentés, des particularités d'étiquette ou de mœurs contemporaines, sur lesquelles on est arrêté littéralement à toutes les pages par l'absence d'explications ou de renseignements nécessaires.
Et ailleurs : << Il est un autre genre de notes que l'on regrette en lisant Saint-Simon ; ce sont les notes que j'appellerais topographiques. J'ai besoin de connaître l'emplacement des lieux où se passent ces scènes qu'il fait revivre devant moi. Je vois bien encore sur le quai de la Tournelle l'hôtel de Nesmond, avec la sotte inscription moderne qui a remplacé sur la porte cet écriteau dont on se scandalisa, mais qui demeura et est devenu.
Pages | Référence |
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15 et 16 | de l'article indiqué ci-dessus |
2 | Ibidem, p. 13-14 |
MÉMOIRES DE SAINT-SIMON, I 3
Notes topographiques -
Notices biographiques
<< L'exemple et le père de tous ceux qui, de toute espèce, ont inondé Paris.
Mais, quand il me parle de l'hôtel de Mayenne, de l'hôtel de Duras, de l'hôtel de Lorge, et de tant d'autres, je ne sais plus où j'en suis. Il faut aussi qu'il [l'éditeur] me mène à la Ferté-au-Vidame, et que je sache ce qu'est devenue cette terre, sa << seule terre bâtie >>, où Saint-Simon a tant vécu.
Ainsi, en résumant le programme dressé par Montalembert, nous voyons que le commentaire doit se composer, outre l'annotation philologique dont nous avons parlé plus haut, de quatre espèces de notes : topographiques, biographiques, généalogiques, historiques et explicatives. Les notes topographiques, portant sur un pays, une localité, un édifice, un hôtel, un château, seront faites non seulement d'après les documents écrits, mais aussi d'après les monuments figuratifs qui existent au Cabinet des cartes et plans, au Cabinet des estampes, et dans les autres dépôts de ce genre. Il a déjà été dit que le premier soin serait de rétablir l'orthographe moderne et officielle des noms de lieux. Chaque personnage, la première fois qu'il sera cité par Saint-Simon, aura une notice biographique (marquée par un astérisque dans la Table analytique), comprenant ses noms et prénoms, les dates principales de sa vie, la chronologie de ses fonctions ou dignités successives, son cursus honorum, dirait les épigraphistes, et souvent, en regard des portraits si vivants que trace la plume de Saint-Simon, l'indication des portraits authentiques conservés dans nos musées, gravés par les maîtres du temps, ou dessinés pour les curieux.
Personne n'ignore ce que sont en général les recueils biographiques modernes, et combien d'erreurs se transmettent de l'un à l'autre. On doit donc n'y recourir que faute de mieux, et prendre les renseignements de meilleures sources : documents originaux, biographies spéciales, recueils du temps, tels que les dictionnaires de Moréri ou de Bayle. Malgré les pertes subies par nos archives, bien peu de personnages du siècle de Louis XIV échapperont à une recherche patiente, quel qu'ait pu être leur rang dans la société, à la cour, à la ville, en province ou dans les camps. Qu'on nous permette de citer, en forme d'exemple, nos deux premiers volumes : sur neuf cents hommes ou femmes environ qui y paraissent, il n'en est pas vingt-cinq dont nous ne soyons parvenus à établir d'abord l'identité, puis la notice biographique et chronologique, au moins dans ses parties essentielles. Ce ne sera que dans des circonstances exceptionnelles qu'on indiquera les autorités diverses.
Notes généalogiques
XX MEMOIRES DE SAINT-SIMON
Le Gallia christiana; pour l'ordre du Saint-Esprit, les deux volumes de du Chesne et d'Haudicquer de Blancourt; pour les réformés, la France protestante des frères Haag. Citons encore les registres manuscrits du Grand armorial de 1696, où petits et grands furent forcés de faire inscrire leurs noms, qualités et armes ; puis certaines compilations modernes, comme le Dictionnaire critique de Jal, ou les Notes prises aux archives de l'État civil de Paris, par M. le comte de Chastellux, qui ne remédient que bien imparfaitement à la destruction de ce magnifique dépôt.
On peut aussi tirer parti des inventaires sommaires des registres paroissiaux publiés dans quelques provinces par les archivistes départementaux, ou bien des registres eux-mêmes, qui remontent presque partout au XVIIe siècle. Enfin, nous parlerons plus loin des collections historiques, comme celles de Gaignières et de Clairambault, qui renferment une foule de matériaux biographiques.
C'est aussi dans ces collections, dans nos grands dépôts d'archives et au Cabinet des titres que se trouvent les éléments de contrôle pour tout ce qui touche aux questions nobiliaires.
<< Quand on nomme Saint-Simon en matière de noblesse, disait Montalembert, il est difficile de ne pas songer aussitôt, comme la mère du Régent, à ses généalogies; et ici encore il faut reconnaître qu'aucune édition des Mémoires ne sera complète sans un certain nombre de notes destinées à rectifier ou compléter ses assertions. On aurait tort de traiter trop légèrement ce côté de sa prodigieuse fécondité. La vraie généalogie, c'est-à-dire l'histoire exacte et détaillée des grandes familles qui ont joué un rôle prépondérant dans les sociétés anciennes, sera toujours un aspect très intéressant.
XXI1
Comme Saint-Simon est et sera toujours de beaucoup l'auteur le plus populaire de tous ceux qui s'occupent de ces matières, on risque fort de voir le public épouser ses opinions extravagantes, injustes, ridicules même, sur des races dont les noms s'identifient avec les plus belles pages de notre histoire. Tout le monde n'a pas le courage ou l'inclination de réclamer dans un intérêt personnel. Le devoir d'un bon commentateur n'est pas d'aller fouiller le P. Anselme ou la première et sincère édition de la Chenaye des Bois pour venir au-devant de toutes les rectifications qui pourraient être fondées, mais bien de relever les inexactitudes qui sautent aux yeux ; et cela toujours dans l'intérêt de la vérité historique et de la bonne éducation du goût public.
Saint-Simon, qui a traité si souvent des questions de noblesse, de rangs et de pré# AVERTISSEMENT
Composition des Mémoires
Nous ne voulons ici que résumer certains points bien établis dès à présent après avoir examiné les manuscrits de Saint-Simon que détient depuis cent vingt ans le Département des affaires étrangères.
Deux rééditions venaient de s'imprimer en Hollande, en 1692.
Feu Ernest Gallien, cité par M. Baschet dans le Duc de Saint-Simon, p. 463 et 466. Comparez Lavallée, Correspondance générale de Mme de Maintenon, tome 1, p. 62, et l'article publié en 1830 dans la Revue française, n° xv, p. 190.
Un commencement d'exécution : on en trouve la preuve dans sa lettre du 29 mars 1699, à M. de Rancé, qui a paru en tête de la première édition complète des Mémoires (1829). Nous y voyons qu'il travaillait depuis quelque temps à << des espèces de mémoires de sa vie ; >> que son intention était d'y faire entrer tout ce qui avait << un rapport particulier >> à son rôle et à son existence personnelle, << et aussi, un peu en général et superficiellement, une espèce de relation des événements de ces temps, principalement des choses de la cour ; >> que, tout en se proposant une << exacte vérité, >> il ne croyait pas blamable de << la dire bonne et mauvaise >> et de << satisfaire ses inclinations et passions ; >> que, pour ce motif et par crainte du scandale, il avait d'abord résolu que ces souvenirs seraient détruits après sa mort, ou même de son vivant ; mais que, reculant devant un si dur sacrifice à mesure que grossissait << cette espèce d'ouvrage, >> il en avait entretenu une première fois le pieux abbé ; qu'il lui faisait remettre actuellement, par M. du Charmel, différents morceaux déjà terminés, savoir : la relation du procès des ducs et pairs contre MM. de Luxembourg (1693-1696), et deux portraits (il avait déjà communiqué << en bien >> celui d'Henri Daguesseau), << pour servir d'échantillon au reste ; >> et qu'enfin, il se proposait, pour les Pâques prochaines, de porter à la Trappe << quelques cahiers des Mémoires mêmes.
Quelle fut la réponse de M. de Rancé ? C'est un des points sur lesquels la divulgation des correspondances conservées aux Affaires étrangères devra faire le jour ; mais, dès à présent, ce fait est acquis que, vers 1700, Saint-Simon possédait six années de Mémoires écrits << selon l'ordre des temps ; >> ce n'était pas un journal sec et aride, comme celui de Dangeau, ni non plus étendu à toutes les choses de la cour, mais plutôt un mémorial presque exclusivement personnel, et cependant parsemé de portraits, de jugements, d'appréciations, plus souvent satiriques que favorables.
Que Saint-Simon ait persévéré ou non dans sa rédaction primitive, avec l'autorisation du saint abbé, il subsiste bien peu de chose de ce << premier état >> des Mémoires, au milieu du texte définitif ; mais, comme il est d'une grande importance pour la critique historique de déterminer si un récit est contemporain des événements, ou s'il a été écrit après coup, soit à l'aide de souvenirs déjà éloignés, soit de seconde main, d'après les informations d'autrui, nous aurons soin de relever les indices qui, de distance en distance, trah## Saint-Simon et le Journal de Dangeau
Saint-Simon a rassemblé ses souvenirs et ses études, ainsi que des dissertations et des extraits analytiques d'ouvrages imprimés ou manuscrits, ayant trait aux questions qui le préoccupaient le plus particulièrement. C'est ce que suggère l'inventaire dressé au moment où le duc de Choiseul confisqua ces portefeuilles pour les Affaires étrangères.
Quant aux mémoires suivis, nous pensons que Saint-Simon avait abandonné leur rédaction lorsque le journal dont nous allons parler tomba entre ses mains. Ce journal lui servit de trame continue, solide et commode, sur laquelle il n'eut plus qu'à mettre en œuvre ses propres souvenirs, le produit de ses lectures ou les matériaux amassés par lui depuis trente ou quarante ans.
Ce n'est qu'en 1729 que son ami le duc de Luynes lui communiqua les registres originaux de Dangeau, qui, pendant trente-six ans, de 1684 à 1720, avaient consigné jour par jour tous les événements de la cour et de l'État, et qui venaient d'être déposés dans la bibliothèque du château de Dampierre.
Bien que l'existence de ce journal fût connue de presque tout le monde, y compris du Roi, dès avant 1700, Saint-Simon ne l'avait pourtant jamais vu de son vivant. Sa première impression fut guère que du mépris, et elle se trouve consignée en termes très durs dans un passage des Mémoires où il déclare que, pour écrire tous les jours ce compte rendu, il s'agit d'un << style si maigre, si sec.
Voyez la préface des éditeurs du Journal de Dangeau, tome I, p. Lxv et Lxvi, ainsi que l'Addition de Saint-Simon à l'article du 19 juin 1717, tome XVII, p. 413.
C'est lui-même qui le dit (Mémoires, tome XII, p. 419) : << Je n'eus occasion de voir ces Mémoires que depuis la mort de Dangeau.
Si contraint, si précautionné
Saint-Simon décrit le journal de Dangeau comme un << mélange rebutant de fadeur, d'ignorance, de basse vanité, de sécheresse sur les faits et de prodigalité dans les plus serviles louanges. Il fallait être Dangeau, c'est-à-dire << un esprit au-dessous du médiocre, très futile, très incapable en tout genre, >> ne connaissant d'autres dieux que le Roi et Mme de Maintenon, tout en étant << honnête et très bon homme.
Moins injuste pour l'œuvre que pour l'auteur, Saint-Simon ajoute : << Avec tout cela, ses Mémoires sont remplis de mille faits que taisent les gazettes, gagneront beaucoup en vieillissant, serviront beaucoup à qui voudra écrire plus solidement, tant pour l'exactitude de la chronologie que pour éviter la confusion. Enfin, ils représentent, avec la plus désirable précision, le tableau extérieur de la cour, des journées, de tout ce qui la compose, les occupations, les amusements, le partage de la vie du Roi, le gros de celle de tout le monde. Rien ne serait plus désirable pour l'histoire que d'avoir de semblables mémoires de tous les règnes, s'il était possible, depuis Charles V, qui jetteraient une lumière merveilleuse, parmi cette futilité, sur tout ce qui a été écrit de ces règnes.
Ce dédain de Saint-Simon n'a été égalé que par celui de Voltaire, qui disait tantôt que Dangeau << ne ressemble pas mal au frotteur de la maison qui se glisse derrière les laquaussi précieux. Nous le voyons à l'œuvre, comme l'ont dépeint les éditeurs de Dangeau, entouré de << toutes ses notes sur les généalogies, les Lorrains, les bâtards, les ducs, le bonnet, etc. >>, mais << ayant tout à côté de lui, sur sa table, le Journal de Dangeau annoté par lui, se servant sans cesse de ce journal comme d'une base chronologique exacte et commode, comme d'un aide-mémoire, comme d'un complément à tous ses matériaux, faisant passer dans ses Mémoires le tout des jours de ceux de Dangeau.
Voyez la Notice sur la Vie et les Mémoires de Saint-Simon, par M. Chéruel, p. xxix et suivantes. M. Amédée Lefèvre-Pontalis (Discours sur la Vie et les Écrits du duc de Saint-Simon, p. 136, note 3) et M. Chéruel (Notice, p. Lxxx-Lxxx) ont établi la chronologie de cette rédaction définitive. Commencée vers 1739, elle atteignit l'année 1709 (tome VII) en 1741, et s'arrêta à l'année 1711 en 1743, lors de la mort de Mme de Saint-Simon.
Après une suspension de quelques mois, de laquelle datent les Considérations préliminaires où Saint-Simon a résumé, sous une forme si caractéristique, ses principes, sa méthode et ses intentions, il reprit le travail pour atteindre, en 1745, la mort de Louis XIV. Il décrivit alors, en six mois, le résumé historique du grand règne. En 1747, il arriva à la Quadruple alliance; en 1751, aux derniers temps de la Régence et à son ambassade. Telles sont les principales étapes de la rédaction.
Quant à la mise au net du manuscrit que nous possédons, M. Chéruel (p. txxxiv, note 2) suppose que Saint-Simon, jusqu'en 1743, avait recopié au fur et à mesure que sa rédaction avançait; qu'ensuite le travail de transcription a été subdivisé en trois reprises, de 1714 à 1715, de 1715 à l'ambassade en Espagne, enfin de 1721 à 1723.
Journal de Dangeau, tome XVIII, p. 488-489.
Il en imite même, à certaines époques, le décousu, qu'il a critiqué si dédaigneusement.
AVERTISSEMENT. XXXII
Donnant ainsi à son œuvre, auprès de ceux qui n'y regardent pas de près, l'apparence d'avoir été composée au moment même des événements qu'il raconte; parlant des faits et des hommes dont parle Dangeau, et ne parlant pas de ce que Dangeau a oublié par hasard; enfin insultant avec une injustice odieuse un homme dont le travail lui était si utile, le désignant aux moqueries et au mépris de la postérité avec une insistance particulière, déguisant soigneusement le secours qu'il tirait de son journal, et faisant son éloge dans la partie de ses œuvres qui ne devait pas être publiée.
Si grave que soit ce dernier reproche (nous faisons nos réserves sur certaines autres accusations que lancent les éditeurs de Dangeau contre Saint-Simon), il ne paraîtra que trop fondé lorsque le travail du commentaire aura fait ressortir, presque d'un bout à l'autre des Mémoires, la trame empruntée à Dangeau, c'est-à-dire au seul de ses contemporains peut-être dont Saint-Simon n'ait pas parlé parmi ceux qui lui fournissaient chaque jour des récits, des confidences verbales, des souvenirs personnels, ou même, comme Torcy, des documents tout prêts à mettre sur le métier. C'est à nous, éditeurs, et c'est aussi aux lecteurs de Saint-Simon qu'il appartient, en suivant parallèlement...
Numéro | Événement | Détails |
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Les notes d'histoire, de généalogies, et même de cour et de fortune furent poussées jusqu'où elles pouvaient raisonnablement s'étendre sans prétendre à l'immensité. Il comprit, en augmentation du dessein primitif, une grande quantité de charges et de familles que l'historien, aujourd'hui surtout, serait heureux de trouver. L'Histoire généalogique était comme en permanence sur la table de travail de Saint-Simon. Il se servait également des généalogies du Moréri.
Il y a tout lieu de croire que ce fut lui qui donna à du Fourny, en 1712, la généalogie de la maison de Saint-Simon, qui figure dans l'édition de cette époque. Voyez le début de son Projet de continuation de l'Histoire généalogique (1731), publié pour la première fois dans l'Annuaire-Bulletin de la Société de l'Histoire de France, année 1874, p. 89-92, et réimprimé, en 1875, à la suite des Mémoires, tome XIX, pièces diverses, p. 334-338.
Non pas, bien entendu, de la dernière édition, en dix volumes, qui ne parut qu'en 1759, mais probablement du texte de 1725 (six volumes in-folio), qui fut réimprimé en 1732, et auquel l'abbé Goujet donna deux suppléments en 1735 et 1749. Les corrections et additions historiques et littéraires étaient de l'académicien de la Barre et de l'abbé le Clerc, tandis que les généalogies étaient fournies par l'avocat Vailly, ainsi que par Lavaux ou Chazot de Nantigny ; mais ces derniers se contentaient de reproduire l'Histoire généalogique lorsque cela était possible. La généalogie de la maison de Saint-Simon avait paru à la fois dans la seconde édition du P. Anselme et dans la treizième du Moréri, toutes deux de 1712.
Pour ses recherches, il recourait aux différentes publications d'Imhof, qu'il emporta jusqu'en Espagne. En plus des livres imprimés et d'un usage commun à tous les travailleurs, la bibliothèque de Saint-Simon renfermait aussi des manuscrits dont il dut faire usage : on peut citer les Mémoires de Mademoiselle, ceux de Goulas, le Journal du cardinal de Richelieu ; une copie des registres de M. de Dreux, grand maître des cérémonies, faite à l'insu de celui-ci ; et probablement aussi la copie de l'un des recueils du maître des cérémonies Sainctot, dont il parle si souvent. De même, il fit réaliser plusieurs volumes d'extraits des papiers secrets de Torcy, qui lui furent d'une utilité incomparable pour la rédaction d'une partie de son œuvre. Enfin, on voit figurer dans l'inventaire de ses manuscrits, en 1755, de nombreux autres documents historiques, dont la plus grande partie a trait à la pairie, au cérémonial, à la diplomatie, aux grands procès, ainsi qu'à l'état de la France, à son administration, son commerce, etc.
Le Duc de Saint-Simon, par M. Baschet, p. 121 et suivantes. Mémoires, tome III, p. 409. Mémoires, tome XII, p. 319. Le duc de Luynes se servait aussi d'une copie de Sainctot (voyez ses Mémoires, tome II, p. 119) ; mais il y avait des différences considérables entre les divers recueils. Il avoue en avoir tiré la suite et le détail des affaires étrangères de 1715 à 1718, et s'excuse de ne plus pouvoir donner d'aussi curieuses connaissances quand ces papiers lui font défaut, en 1719.
Nécessité des Mémoires de Saint-Simon
| Nom | Qualificatif ages à côté desquels il a vécu. S'il est suspect en qualité de fabricant de faux mémoires et récusable comme pamphlétaire, on pourrait également récuser bien des auteurs qui ont écrit sous leur propre nom, et dont les mémoires, pour un motif ou pour un autre, ne sont ni plus vrais ni plus infaillibles. La vogue de ses livres sous Louis XIV dénote une valeur réelle dans les récits. Enfin, Saint-Simon, qui devait les avoir dans sa bibliothèque, y a évidemment pris, ou bien a emprunté aux mêmes sources que Sandras, un bon nombre d'anecdotes que maintenant on met à son propre compte. La preuve en a déjà été faite à propos de la comtesse de Soissons (Uranie de la Cropte); on aura lieu plus d'une fois de la renouveler, et de montrer également que notre auteur s'est fait volontiers l'écho des chansonniers ou des collectionneurs d'ana. Plus encore que des Mémoires, le commentateur devra se servir des documents originaux et des recueils où les faits, les dates, les noms se trouvent consignés sur le moment même, sans mélange de réminiscences douteuses ou de souvenirs suspects.
Les assertions fausses de Saint-Simon
Les assertions sur la comtesse de Soissons se retrouvent dans les Mémoires de M. le C. de R. (le comte de Rochefort), publiés en 1687. Par exemple, en rapprochant les Mémoires pour 1697 et 1698 de la publication faite par Sandras en 1701, sous le titre d'Annales de la cour et de Paris, pour les mêmes années, qui lui valut une longue détention à la Bastille et qui eut au moins huit éditions en dix ans. Citons, par exemple, les Lettres historiques et galantes de Mme Dunoyer et les Mémoires historiques d'Amelot de la Houssaye.
Avertissement
C'est ainsi que le Journal de Dangeau, alors même qu'il n'est pas servi de trame aux Mémoires, aurait été notre plus précieux auxiliaire. Il est inutile de revenir sur l'exactitude et la sincérité du << roi des historiens minutistes >>, car ces qualités sont reconnues de tous. Mais Dangeau n'était pas seul à tenir un registre fidèle des choses de la cour et de la ville; il a eu des émules, des prédécesseurs, des imitateurs, dont quelques-uns ne sont encore connus que par des fragments qui font désirer que leurs journaux voient promptement le jour ou soient mis à la disposition des chercheurs. Le marquis de Sourches, par exemple, n'a pas laissé moins de dix-sept volumes in-folio, comprenant trente-deux années du règne de Louis XIV (octobre 1681-1712), et c'est à peine si le public en possède deux années (1683-1684), dont le texte a été publié en 1836 par Adhelm Bernier. Les autres volumes ont été entrevus par divers historiens contemporains, et la publication même en fut promise une fois.
C'est à ces documents-là en particulier
Qu'on peut appliquer ce qu'a dit La Bruyère: << L'étude des textes ne peut jamais être assez recommandée; c'est le chemin le plus court, le plus sûr et le plus agréable.... Ayez les choses de la première main; puisez à la source. (Caractères, tome II, p. 203.) Mémoires de Mathieu Marais, tome 1, p. 428, note. L'auteur de la note a emprunté, dit-il, cette expression à d'Argenson. Lavallée, Correspondance générale de Mme de Maintenon, tome III, p. 277, citation de l'année 1691. Il y a quelques mois à peine, on a vu paraître une étude du P. M. Lauras, de la Compagnie de Jésus (Nouveaux éclaircissements sur l'Assemblée de 1682), dont la meilleure partie.
Mémoires dits Journaux
Le chroniqueur, patient et soigneux, a su obtenir chaque jour des informations variées de ses nombreux amis fréquentant sa bibliothèque, consignant par écrit ce qu'il apprenait, avec la date et l'indication du visiteur.
Pendant plus de quinze ans, de 1691 à 1706, ses notes s'accumulèrent, classées avec beaucoup d'ordre, généralement fournies par des personnes bien placées pour inspirer confiance. Ces informateurs partageaient une passion pour la biographie ou l'histoire et avaient un sincère souci de la vérité, conscients de la valeur future de ces informations.
Informateurs |
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le P. Anselme et ses continuateurs |
le P. Ange |
le P. Simplicien, tous trois du couvent des Petits-Pères |
leur savant collaborateur du Fourny, de la Chambre des comptes |
le P. Placide et l'abbé Baudrand, géographes |
les avocats Pinsson des Riolles et Desmarets |
les généalogistes Chassebras, Galland et Clairambault |
les érudits dom Bernard de Montfaucon et Rousseau |
le jésuite Fleuriau |
le valet de chambre du Roi, Jean-Baptiste Touchart |
En outre, le P. Léonard recueillait et acquérait des documents historiques, politiques et diplomatiques, et l'importance de ses collections était reconnue de son temps, notamment par Louis XIV.
Voyez les Fragments et notes historiques
dans le tome V des Œuvres de J. Racine.
Dès son décès, il donna ordre de se saisir de tout ce qui se trouvait dans sa cellule. On constate que c'est une bonne fortune de rencontrer pour nos débuts un anecdotier aussi abondamment fourni que celui du P. Léonard, un chroniqueur bien placé par ses fonctions et ses relations quotidiennes. Sinon pour tout voir, il a pu beaucoup observer, beaucoup entendre et tout retenir. Nous ne savons ce que sont devenus les dossiers qui inquiétaient les ministres de Louis XIV; quant aux papiers et recueils personnels du Père, la Révolution les a dispersés entre les établissements littéraires de Paris.
Lettre adressée le 19 décembre 1710
par la Maison du Roi, au P. Loo, prieur des bénédictins de Saint-Denis. (Archives nationales, Ot 54, fol. 169 ve; Depping, Correspondance administrative sous Louis XIV, tome IV, p. 289.)
Bayle remarque, dans son Dictionnaire, précisément à propos du P. Ange, l'un des amis du P. Léonard et l'un des continuateurs du P. Anselme, qu'il est singulier qu'un moine vivant en dehors du monde soit si bien informé des mariages, des enfants, des morts, etc.
Le nombre des portefeuilles
qui était jadis de plusieurs centaines, est bien réduit. Cependant, ceux qui appartiennent aux
Mémoires de Gaignières
...ires, qui devinrent beaucoup plus rares et plus brefs; il prit même tant de valeur, acquit une telle réputation parmi les connaisseurs, que M. de Maurepas finit par en demander une copie pour charmer ses loisirs. Un peu plus tard, lorsque l'original devint la propriété du Cabinet de l'ordre du Saint-Esprit, ce fut une faveur fort enviée en haut lieu d'en obtenir la communication secrète.
Or, non seulement (les Mémoires en font foi) Saint-Simon connaissait et visitait Gaignières, ce << savant et judicieux curieux, >> mais il...
En 1759
Le marquis de Marigny, intervenant probablement pour sa sœur la marquise de Pompadour, écrit à M. Beaujon, généalogiste des ordres du Roi et garde du Cabinet, qu'il prend toutes les précautions imaginables pour lire les volumes de chansons de la Régence. Il lui donne sa parole d'honneur que personne dans le monde entier ne les verra. Cette lettre est conservée à la fin d'un des volumes du Chansonnier, ms. Fr. 12 696.
Nous ne sommes pas
Sur ce point, aussi dédaigneux que les éditeurs de Dangeau (tome XVIII, p. 437), nous croyons qu'ils eussent moins décrié le Chansonnier, s'ils avaient eu à s'en servir pour l'annotation. Mathieu Marais, qui faisait, lui aussi, des recueils de chansons (il les appelle des softisters, comme on disait des chosiers), dit avec raison : << Ces pièces sont toujours bonnes à avoir, parce qu'elles décrivent, en peu de paroles, les personnes et les choses. (Journal et Mémoires, tome If, p. 38.) Peut-être même les six volumes in-quarto de chansons qui se trouvaient en 1755 dans sa bibliothèque n'étaient-ils qu'une copie partielle de la collection de Gaignières. (Armand Baschet, le Duc de Saint-Simon, p. 434.)
Quoique la copie faite pour Maurepas se trouve aujourd'hui à...
Épitaphes | 26 |
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Volumes sur les Ordres (surtout du Saint-Esprit) | 136 |
Mélanges généalogiques | 53 |
Documents sur les marins | 19 |
Recueil de la Pairie (volumes in-folio, KK 592-601) | 9 |
Exemple du Roi lui-même
Le Roi, qui << avait soin de lire toutes les gazettes de Hollande >>, recherchait avidement les feuilles étrangères imprimées deux fois par semaine en différentes villes de ce pays, par des publicistes français que leur attachement à la foi protestante avait forcés d'émigrer. Ces derniers avaient, dans toutes les cours de l'Europe, à Versailles comme à Londres ou à Vienne, des correspondants actifs, habiles, bien renseignés sur les événements de chaque jour.
On a généralement une idée assez inexacte des tendances de ces gazettes. Sans doute, elles ne pouvaient être qu'hostiles à Louis XIV, et ce caractère se manifeste dans les articles << de fond >> qui composaient habituellement les << suppléments >> de chaque numéro ou << Extraordinaires >> ; mais le corps même de la gazette restait en dehors des influences de parti.
Les correspondances qu'elle renferme ne se composent que de faits, racontés le plus souvent sans commentaire. Cependant, les choses n'y sont pas dites à moitié, comme dans la Gazette de France ou dans toute autre feuille surveillée par le gouvernement royal. Outre les faits, nous y trouvons très fréquemment des manifestations curieuses et importantes du sentiment public, un peu de la fadeur de la Gazette de France et de celle des bas courtisans.
Ailleurs, Saint-Simon reproche aux gazettes de ne dire que les faits << sèchement, courtement, précisément >>, sans rien des ressorts secrets, sans portraits ni personnalités. C'est Torcy qui en faisait la lecture, après le Conseil.
Madame les lisait aussi, mais sans grand souci de la politique ; voyez sa Correspondance (éd. Brunet), tome I, p. 173. Leur bibliographe, M. Hatin, a résumé tous ces avantages en quelques pages très instructives dans son étude sur les Gazettes de Hollande et la Presse clandestine (4865, p. 225-232).
Il conviendra donc de suivre attentivement, pour notre commentaire, toutes les gazettes de Hollande, toutes les feuilles volantes, tous les << lardons >> de cette provenance, et notamment une gazette que nous avons pu rencontrer à l'état complet ; c'est d'ailleurs la mieux réputée, celle que Claude Jordan publiait à Amsterdam, qui fut dirigée, depuis 1694, par le Genevois Tronchin du Breuil, ancien familier de Colbert.
À partir de 1697, le Journal de Verdun fait concurrence d'informations avec les feuilles dont nous venons de parler. Il est, lui aussi, une création d'émigrés protestants.
Est-il besoin de dire que Saint-Simon, comme Dangeau encore, se servait du Mercure galant ? là, pour ne citer qu'un fait, mais des plus caractéristiques, qu'il a pris les éléments du récit de son mariage, suivant phrase par phrase l'article publié dans le volume d'avril 1695.
Voyez le même livre de M. Hatin, p. 142, 158, etc. Rien de rare et même d'introuvable comme un exemplaire complet de ces feuilles, si communes autrefois. De la Gazette d'AmsterdamAVERTISSEMENT
Nous nous sommes fixés de strictes limites pour répondre aux exigences de la critique moderne. Au-delà de ces limites, toute excursion est d'avance interdite.
Des instruments de travail et des matériaux abondent autour de nous, à notre portée, et seraient précieux s'il s'agissait uniquement de commenter à loisir un ou deux passages des Mémoires. Cependant, notre édition ne prendra que les éléments essentiels d'un simple contrôle historique. Très exceptionnellement, lorsque cela sera nécessaire pour discuter des faits ou des témoignages contradictoires, les notes pourront se transformer en notices plus développées. Dans ce cas, elles seront regroupées à la fin du volume, dans un Appendice dont il faut parler maintenant.
L'Appendice de chaque volume se composera de deux parties. La première sera entièrement occupée par le texte des Additions de Saint-Simon au Journal de Dangeau. Nous avons vu plus haut à quelle date, dans quelles circonstances et avec quelles intentions Saint-Simon entreprit d'annoter un exemplaire du précieux manuscrit. Un de ses secrétaires, nommé Galland, transcrivit les Additions sous sa dictée, ou plutôt d'après un brouillon primitif. Les éditeurs de Dangeau (tome I, p. xi, note 3) indiquent qu'il était de la famille de Galland, l'orientaliste.
Il était nécessaire que son maître ait une grande confiance en lui pour lui confier des notes qui, bien que moins compromettantes que les Mémoires, semblent n'avoir été connues que de Saint-Simon lui-même. Ce qui nous fait privilégier cette seconde hypothèse, c'est que l'orthographe de Saint-Simon est souvent reproduite avec grande exactitude.
Le duc les revit lui-même avant de faire recopier sur des feuilles volantes celles dont il pensait avoir l'emploi dans ses futurs Mémoires. La forme même des Additions se prêtait à ce fractionnement, puisque ce sont autant de << gloses >> distinctes et absolument indépendantes les unes des autres.
Aujourd'hui, afin que le lecteur puisse constamment comparer cette première rédaction avec le texte définitif des Mémoires, nous aurions souhaité mettre chaque Addition en regard même du passage où l'auteur en a fait entrer, sinon une reproduction littérale, du moins la principale substance. Cependant, cette juxtaposition s'est révélée impraticable, et il a fallu rejeter les Additions en tête de l'Appendice, qui doit compléter chaque volume. Là, au lieu de suivre l'ordre chronologique des articles de Dangeau, elles se rangeront au fur et à mesure dans un ordre correspondant à celui du récit des Mémoires. Lorsque, en marge de ceux-ci, le lecteur verra une indication ainsi figurée [Add. S.-S. 00], il n'aura qu'à se reporter à l'Appendice pour trouver sous le numéro indiqué l'Addition correspondante.
Il existe d'autres indices. Par exemple, dans l'Addition du 4 mars 1689, après avoir d'abord écrit : << de M. de Duras cédant son duché >>, le copiste, s'étant relu, a remarqué son omission et a rétabli en marge, en regard de l'astérisque de renvoi, ce membre de phrase : << C'est à cette époque que M. de Duras... >>, qui n'aurait pas pu lui échapper à la dictée.
Les éditeurs de Dangeau ont signalé divers endroits où il est dit que l'Addition est à extraire ou a déjà été extraite. Elles présentent de nombreuses analogies avec les annotations plus courtes, mais substantielles, du marquis de Sourches sur son propre journal, ainsi qu'avec les notes, souvent plus longues, que Bayle a rattachées à tous les articles de son dictionnaire. Il n'y aura qu'un seul numérotage des Additions, du premier au dernier volume.
Les Additions ont déjà été publiées. Lémontey, le premier, ayant étudié le Journal de Dangeau dans l'exemplaire des Affaires étrangères, reconnut la valeur
1708 | ||||||||
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Biographie ou pour l'éclaircissement des Mémoires
Ce qu'on en possède jusqu'ici est peu de chose : les soixante-dix-sept pièces réunies par Adolphe Regnier fils dans le tome XIX de l'édition de 1873-1877, une quarantaine de lettres écrites aux héritiers du cardinal Gualterio, que le Musée britannique a acquises en 1855, une douzaine de lettres diverses retrouvées récemment, et un très petit nombre de pièces que les répertoires d'autographes nous montrent circulant depuis quarante ans, ne forment qu'un total tout à fait dérisoire pour qui sait que Saint-Simon avait << écrit toute sa vie >>, et que les seuls papiers inventoriés et séquestrés à sa mort ne formaient pas moins de cent soixante-deux portefeuilles, sans compter plusieurs cartons. Ils comprenaient non seulement les documents personnels du duc et relatifs à ses affaires, mais aussi ses études sur tous les sujets historiques qui le passionnèrent pendant plus de soixante ans, les matériaux réunis primitivement pour ses Mémoires, les pièces justificatives qu'il ne put y faire entrer et qui devaient en former l'Appendice, enfin une correspondance << immense et variée >>, laquelle, au dire de Lémontey, le seul historien qui ait pu la parcourir à loisir, serait une contrepartie précieuse des Mémoires.
, content de l'examiner tant qu'il a vécu, et, après sa disgrâce et sa chute, a pris plus de soin et attention qu'auparavant. >>
(Tome XVIII, p. 421.)
9. Correspondance de la duchesse de Saint-Simon
Une des plus précieuses correspondances serait celle de la duchesse de Saint-Simon avec son mari. Elle comprenait au moins trois cent soixante-dix-huit lettres en 1760 et n'est pas entrée au Dépôt des affaires étrangères.
C'est ainsi qu'il est à craindre que n'aient disparu les lettres de Saint-Simon au cardinal Gualterio : voyez l'article cité (p. Lxvii et Lxx) de M. Armand Baschet, p. 25 Mais, comme le fait observer judicieusement notre confrère, il reste l'espoir que les héritiers du cardinal, au lieu de détruire ces lettres, les aient renvoyées à Saint-Simon, que celui-ci les ait gardées comme matériaux pour ses Mémoires, et qu'elles se retrouvent quelque jour aux Affaires étrangères. oins par son plan et sa mise en train, digne de celles qu'il a dirigées jusqu'ici.
M. Regnier a bien voulu se charger personnellement d'une tâche qui, d'ailleurs, lui revenait de droit : le commentaire philologique et grammatical sera surtout son œuvre, et il consacrera à cette partie si importante de l'annotation la << rare expérience de linguiste et de philologue >> à laquelle ses confrères de l'Académie française rendaient naguère hommage en décernant un de leurs prix à la collection des Grands écrivains.
Le chemin sera donc largement frayé pour le travailleur qui viendra derrière ce maître si versé dans la connaissance du dix-septième siècle en général, et de Saint-Simon en particulier. Il est à noter que des soins tout particuliers seront donnés à l'établissement du texte. La lecture du manuscrit original est effectuée, sous la surveillance directe de M. Adolphe Regnier, par son fils M. Henri Regnier, qui a récemment fait preuve de perspicacité et d'insistante patience dans le déchiffrement si laborieux du manuscrit autographe de Retz.
Écriture de Saint-Simon
Nous avons tout lieu d'espérer que, cette fois, le texte des Mémoires arrivera aussi près qu'il est possible de la perfection définitive.
M. Georges Lequesne, auxiliaire dévoué, se consacre aux détails multiples de l'exécution du travail, et nous ne saurions trop rendre justice au zèle dont il fait preuve chaque jour.
De même qu'il a été fait pour plusieurs autres auteurs de la Collection, un service régulier de contrôle assurera l'exactitude des citations et des références.
On a vu quelles ressources nous comptons trouver dans les divers départements de la Bibliothèque et des Archives nationales : dans ces deux vastes dépôts, la tâche nous est grandement facilitée par le bon vouloir des chefs, ainsi que par l'obligeance des archivistes ou des bibliothécaires, toujours actifs, nous pouvons le dire, à seconder les recherches et même à devancer les désirs.
Notre dette de gratitude est déjà considérable à l'égard de plusieurs d'entre eux, et surtout du savant directeur de la Bibliothèque nationale, qui met en avant si libéralement les richesses dont il est le gardien et le dispensateur, et se montre non moins secourable pour le commentateur de Saint-Simon qu'il ne l'est pour les historiens des époques les plus reculées du moyen âge.
M. Léopold Delisle a été le premier à encourager notre entreprise, et chaque jour il ne cesse de nous donner des preuves et des témoignages effectifs de son haut intérêt. Qu'il nous permette donc d'inscrire ici son nom en tête de la liste des protecteurs dont Saint-Simon aura souvent besoin de mettre la bienveillance à l'épreuve.
Nommons aussi, dès à présent, quelques-uns des anciens amis de notre auteur qui ont préparé de loin les éléments de la critique et amassé des matériaux pour le commentaire des Mémoires :
Nom | Contribution |
---|---|
M. le baron Jérôme Pichon | Instruction pour le vidame de Chartres |
M. Ludovic Lalanne | Articles sur plusieurs passages des Mémoires dans l'Athenaeum et le Bulletin de la Société de l'Histoire de France |
M. Paul Mesnard | Édition des Projets de gouvernement du duc de Bourgogne |
M. Feuillet de Conches | Causeries d'un curieux et collections de pièces de premier choix |
M. Armand Baschet | Livre sur les manuscrits déposés en 1760 aux Affaires étrangères et mémoire sur les relations de notre duc |
Cardinal Gualterio
Person | Contribution |
---|---|
M. Jules Desnoyers | Possède un dossier précieux de la correspondance de Saint-Simon pendant son ambassade en Espagne. |
M. Ph. Tamizey de Larroque | Futur éditeur des Lettres de Chapelain et de la Correspondance de Peiresc. |
M. Gustave Masson | Entretient un commerce suivi avec Saint-Simon et enrichit chaque année le commentaire de documents du Musée britannique. |
M. Étienne Charavay | A eu l'occasion de rencontrer des pièces relatives à Saint-Simon ou aux Mémoires. |
M. Flammermont | Bibliothécaire-archiviste de la ville de Senlis, a transmis plusieurs pièces curieuses. |
M. E.-M. Thompson | Conservateur du département des Manuscrits du Musée britannique. |
M. Moranvillé | A fait profiter de ses recherches dans les correspondances du règne de Louis XIII et du règne de Louis XIV. |
M. Ferdinand Moreau | Châtelain d'Anet, a prêté une expédition de son contrat de mariage. |
Me Démonts | Successeur du notaire des Lorge et des Frémont, a communiqué la minute originale. |
M° Galin | Prédécesseurs ont passé tous les actes de la famille```markdown # Mémoires de Saint-Simon |
Nous prendrons souvent des portraits inédits
Parmi les dessins au lavis exécutés jadis pour Clairambault, d'après les portraits des chevaliers du Saint-Esprit qui étaient réunis dans les salles des Grands-Augustins. L'exécution en est médiocre ; mais on est heureux de retrouver dans ces copies les images d'hommes considérables dont on ne connaît ailleurs ni portraits peints ni gravures. Ces lacunes sont souvent aussi inexplicables que regrettables. Ainsi, nous n'avons, de Saint-Simon et de sa femme, que deux toiles appartenant aujourd'hui à la veuve du général de Saint-Simon et la mauvaise gravure faite en 1791 pour l'édition de Soulavie, d'après l'une de ces toiles qui représente notre auteur et qui est attribuée à un Vanloo. Que sont donc devenus tous les portraits qui furent inventoriés en 4155 à l'hôtel de Saint-Simon et au château de la Ferté-Vidame ?
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES
SAVOIR S'IL EST PERMIS D'ÉCRIRE OU DE LIRE L'HISTOIRE, SINGULIÈREMENT CELLE DE SON TEMPS
Date | Événement |
---|---|
Juillet 1743 | L'histoire a été, dans tous les siècles, une étude si recommandée qu'on croirait perdre son temps d'en recueillir les suffrages, aussi importants par le poids de leurs auteurs que par leur nombre. |
Dans l'un et dans l'autre, on ne prétend compter que les catholiques, et on sera encore assez fort ; il ne s'en trouvera même aucun de quelque autorité dans l'Église qui ait laissé par écrit aucun doute sur ce point. | |
Outre les personnages que leur savoir et leur piété ont rendus célèbres, on compte plusieurs saints qui ont écrit des chroniques et des histoires, non seulement saintes, mais entièrement profanes, dont les ouvrages sont révélés de la postérité et qui ont été fort utiles. | |
On omet par respect les livres historiques de l'Écriture. | |
Mais, si on n'ose mêler en ce genre le Créateur avec ses créatures, on ne peut aussi se dispenser de reconnaître que, dès que le Saint-Esprit n'a pas dédaigné d'être auteur d'histoires dont tout le tissu appartient en gros à ce monde, et serait appelé profane comme toutes les autres histoires du monde, si elles n'avaient pas le Saint-Esprit pour auteur, c'est un préjugé bien décisif qu'il est permis aux chrétiens d'en écrire et d'en lire. | |
Si on objecte que les histoires de ce genre qui ont le Saint-Esprit pour auteur se reportent toutes à des objets plus relevés et, bien que réelles et véritables en effet, ne laissent pas d'être des figures de ce qui devait arriver et cachent de grandes merveilles sous ces voiles, il ne laisse pas de demeurer vrai qu'il y en a de grands endroits qui ne sont simplement que des histoires, ce qui autorise toutes les autres que les hommes ont faites depuis et continueront de faire. Mais encore, que, dès qu'il a plu à l'Esprit-Saint de voiler et de figurer les plus grandes choses sous des événements en apparence naturels, historiques et en effet arrivés, ce même Esprit n'a pas réprouvé l'histoire, puisqu'il lui a plu de s'en servir pour l'instruction de ses créatures et de son Église. | |
Ces propositions, qui ne se peuvent impugner avec de la bonne foi, sont d'unenner ses leçons à l'avancement qu'il remarque dans ceux qu'il instruit. |
Mais l'histoire est d'un genre entièrement différent de toutes les autres connaissances. Bien que tous les événements généraux et particuliers qui la composent soient cause l'un de l'autre, et que tout y soit lié ensemble par un enchaînement si singulier que la rupture d'un chaînon ferait manquer, ou, pour le moins, changer l'événement qui le suit, il est pourtant vrai qu'à la différence des arts, surtout des sciences, où un degré, une découverte conduit à un autre certain, et l'exclusion de tout autre, nul événement général ou particulier historique n'annonce nécessairement ce qu'il causera, et, fort souvent, fera très raisonnablement présumer le contraire.
Par conséquent, il n'existe point de principes ni de clés, point d'éléments, de règles ni d'introduction qui, une fois bien comprises par un esprit, pour lumineux, solide et appliqué qu'il soit, puissent le conduire de soi-même aux événements divers de l'histoire. D'où résulte la nécessité d'un maître continuellement à son côté, qui conduise de fait en fait, par un récit lié dont la lecture apprenne ce qui suit.
C'est ce récit qui s'appelle histoire, et l'histoire comprend tous les événements qui se sont passés dans tous les siècles et dans tous les lieux. Mais, si elle s'en tenait à une exposition nue et sèche de ces événements, elle deviendrait un fardeau inutile et accablant : inutile, parce que peu importerait d'avoir la mémoire chargée de faits inanimés, et qui n'apprennent que des faits secs et pesants à l'esprit, à qui nul enchaînement ne les range et ne les rappelle ; accablant, par un fatras, sans ordre et sans lumière, qui puisse conduire à plus qu'à ployer sous la pesanteur d'un amas de faits détachés et sans liaison l'un à l'autre, dont on ne peut faire aucun usage utile ni raisonnable.
Ainsi, pour être utile, il faut que le récit des faits découvre leurs origines, leurs causes, leurs suites et leurs liaisons les uns aux autres, ce qui ne se peut faire que par l'exposition des actions des personnages qui ont eu part à ces choses. Sans cela, les faits demeureraient un chaos, autant en serait-il des actions de ces personnages, si on s'en tenait à la simple exposition de leurs actions. Par conséquent, toute histoire doit faire connaître quels ont été ces personnages, ce qui les a engagés à la part qu'ils ont eue aux faits qu'on raconte, et le rapport d'union ou d'opposition qu'il y a eu entre eux.
Plus on a de lumière à ce sujet, plus les faits deviennent intelligibles, plus l'histoire devient curieuse et intéressante, plus on instruit par les exemples des mœurs et les causes des événements. C'est ce qui rend nécessaire de découvrir les intérêts, les vices, les vertus, les passions, les haines, les amitiés, et tous les autres ressorts, tant principaux qu'incidents, des intrigues, des cabales et des actions publiques et particulières qui ont part aux événements qu'on écrit. Il est également important de considérer toutes les divisions, les branches, les cascades qui deviennent les sources et les causes d'autres intrigues, et qui forment d'autres événements.
Pour une juste exécution, il faut que l'auteur d'une histoire générale ou particulière possède à fond sa matière par une profonde lecture, par une exacte confrontation, par une juste comparaison d'auteurs les plus judicieusement choisis, et par une sage et savante critique, le tout accompagné de beaucoup de lumière et de discernement.
J'appelle histoire générale celle qui l'est par son étendue à plusieurs nations ou à plusieurs siècles de l'Église, ou d'une même nation mais de plusieurs règnes, ou d'un fait ecclésiastique éloigné et fort étendu. J'appelle histoire particulière celle du temps et du pays où l'on vit. Celle-là, étant moins vaste et se passant sous les yeux de l'auteur, doit être beaucoup plus étendue en détails et en circonstances, et avoir pour but de mettre son lecteur au milieu des acteurs de tout ce qu'il raconte, en sorte qu'il croie moins lire une histoire ou des mémoires, qu'être lui-même dans le secret de tout ce qui lui est représenté, et spectateur de tout ce qui est raconté.
C'est dans ce genre d'écriture que l'exactitude la plus scrupuleuse sur la vérité de chaque chose et de chaque trait doit se garder également de haine et d'affection, de vouloir expliquer ce qu'on n'a pu découvrir, et de prêter des vues, des motifs et des caractères, et de grossir ou diminuer, ce qui est également dangereux et facile# 4
Au-delà, comme on disait autrefois au même sens qu'en deçà, est bien le texte du manuscrit. La signification est claire : il s'agit, comme la suite le montre, de la partie de l'histoire de l'Église qui vient après les événements racontés par les livres saints, de la partie, par conséquent, qui, relativement à nous, est en deçà de ce qu'ils nous apprennent.
Ici, le mot "et", trois lignes plus loin "docteurs", puis "et solitaire", sont en interligne ; "docteurs", au-dessus d'écrivains, est biffé.
Ce qui résulterait de cette ignorance est plus aisé à penser qu'à représenter : tout en est palpable et saute de soi-même aux yeux.
Si donc il ne paraît pas sensé de ne pas vouloir être instruit de ces choses qui intéressent si fort un chrétien, comment le pourra-t-on être indépendamment de l'histoire profane, qui a une liaison si intime et si nécessaire avec celle de l'Église, qu'elles ne peuvent, pour être entendues, être séparées l'une de l'autre ?
C'est un mélange et un enchaînement qui, pour une cause ou pour une autre, se perpétue de siècle en siècle jusqu'au dernier, et qui rend impossible la connaissance d'aucune partie l'une sans acquérir en même temps celle de l'autre qui lui répond pour le temps.
Si donc un chrétien, à qui tout ce qui appartient à la religion est cher à proportion de son attachement pour elle, ne peut être indifférent sur les divers événements qui ont agité l'Église dans tous les temps, il ne peut aussi éviter de s'instruire en parallèle de toute l'histoire profane, qui y a un si indispensable et un si continu rapport.
Mais, mettant même à part ce rapport, pourrait-on sans honte se faire un scrupule de savoir ce qu'a été la Grèce, ce qu'ont été les Romains, l'histoire de ces fameuses républiques et de leurs personnages principaux ?
Oserait-on ignorer par scrupule les divers degrés de leurs changements, de leur décadence, de leur chute, ceux de l'élévation des États qui se sont formés de leurs débris, l'origine et la fondation des monarchies de notre Europe, et de celle des Sarrasins, puis des Turcs, enfin la succession des siècles et des règnes, et leurs événements principaux jusqu'à nous ?
4.
"Parallèle" est en interligne, au-dessus de "même temps", effacé.
2.
"De" est biffé après "enfin".
40 MÉMOIRES DE SAINT-SIMON. Voilà en gros pour l'histoire générale. Venons maintenant à ce qui regarde celle du temps et du pays où l'on vit.
Si l'on convient que le scrupule qui retiendrait dans l'entière ignorance de l'histoire générale serait la plus grossière ineptie, et qui jetterait dans les inconvénients les plus honteux et les plus lourds, il sera difficile de se persuader qu'aucun scrupule doive ou puisse admettre l'ignorance de l'actualité du temps et du pays où l'on vit, qui est bien plus intéressante que la générale, et qui touche bien autrement l'instruction de notre conduite et de nos mœurs.
L'on entend le scrupuleux répondre que l'éloignement des temps et des lieux affranchit la charité, en quelque sorte, sur les vices de personnages étrangers, reculés, dont on ne connaît ni les personnes ni les races, et à qui il n'est plus d'hommes qui puissent prendre quelque part : bien différents de ceux de notre pays et de notre âge, que nous connaissons tous par leurs noms, par leur conduite, par leurs familles, par leurs amis, pour qui on a pu concevoir de l'estime, qui même en ont pu mériter par quelques endroits, et pour qui on fait souvent plus que la perdre par la levée du rideau qui les couvrait.
Dangereuse et dans la plus ruineuse confusion?
Qui pourrait résister à un problème si insensé, je dis si radicalement impossible? Qui n'en serait pas révolté? Ces scrupuleux persuaderont-ils que Dieu demande ce qui est opposé à lui-même, puisqu'il est lumière et vérité, c'est-à-dire que l'on s'aveugle en faveur du mensonge, de peur de voir la vérité; qu'il a donné des yeux pour les tenir exactement fermés sur tous les événements et les personnages du monde, du sens et de la raison pour n'en faire d'autre usage que de les abrutir et pour nous rendre pleinement grossiers, stupides, ridicules, et parfaitement incapables d'être soufferts parmi les plus charitables même des autres hommes?
Rendons au Créateur un culte plus raisonnable, et ne mettons point le salut que le Rédempteur nous a acquis au prix indigne de l'abrutissement absolu et du parfait impossible. Il est trop bon pour vouloir l'un, et trop juste pour exiger l'autre. Fuyons la folie des extrémités qui n'ont d'issue que les abîmes, et, avec saint Paul, ne craignons pas de mettre notre sagesse sous la mesure de la sobriété, mais de la pousser au-delà de ses justes bornes.
Servons-nous donc des facultés qu'il a plu à Dieu de nous donner, et ne croyons pas que la charité défende de voir toutes sortes de vérités et de juger des événements qui arrivent et de tout ce qui en est l'accompagnement. Nous nous devons, pour le moins, autant de charité qu'aux autres : nous devons donc nous instruire, pour n'être pas des hébétés, des stupides, des dupes continuelles. Nous ne devons pas craindre, mais chercher à connaître les hommes bons et mauvais, pour n'être pas trompés.
Oposé est récrit en interligne, sur opposé, biffé. Pleinement est substitué, en interligne, à parfaitement.
Allusion à ce passage de l'Épitre aux Romains (chapitre XII, verset 3) : Non plus sapere quam oportet sapere, sed sapere ad sobrietatem.
Sur un sage discernement, réglons notre conduite et notre commerce, puisque l'un et l'autre est nécessairement lié, dans une réciproque dépendance. Faisons-nous un miroir de cette connaissance, pour former et régler nos mœurs, fuir, éviter, abhorrer ce qui doit être, aimer, estimer, servir ce qui le mérite, et nous en approcher par limitation et par une noble ou sainte émulation.
Connaissons donc, tant que nous pourrons, la valeur des gens et le prix des choses : la grande étude est de ne pas s'y méprendre au milieu d'un monde, la plupart si soigneusement masqué; et comprenons que la connaissance est toujours bonne, mais que le bien ou le mal consiste dans l'usage que l'on en fait. C'est là qu'il faut mettre le scrupule, et que la morale chrétienne, l'étendue de la charité, en un mot la loi nouvelle, doivent sans cesse éclairer et contenir nos pas, et non pas la jeter sur les connaissances dont on ne peut trop acquérir.
Les mauvais, qui, dans ce monde, ont déjà tant d'avantages sur les bons, en auraient un autre bien étrange contre eux, s'il n'était pas permis aux bons de les discerner, de les connaître, par conséquent de s'en garer, d'en avertir à même fin, de recueillir ce qu'ils sont, ce qu'ils ont fait à propos des événements de la vie, et, s'ils ont peu ou beaucoup figuré, de les faire passer tels qu'ils sont et qu'ils ont été à la postérité, en lui transmettant l'histoire de leur temps.
D'autre part, quant à ce monde, les bons seraient bien maltraités de demeurer, comme bêtes brutes, exposés aux mauvais sans connaissance, par conséquent sans défense, et leur vertu enterrée avec eux.
Par là, toute vérité éteinte, tout exemple inutile, toute in- ment d'un faux sens. Ce n'est point : << Nous ne devons pas craindre.... les hommes >>; c'est : << Nous ne devons pas craindre de connaître, mais chercher à connaître les hommes.
Ellipse irrégulière, comme notre auteur s'en permet si souvent. Ou corrigé en etis sont portés à tout dire ne doivent pas négliger de les éclairer et de se rendre ainsi utiles à la société. Il en est de même envers les proches et les amis. S'il est évident, comme on vient de le montrer, que la charité permet de se défendre et d'attaquer même les méchants; si elle veut que les bons soient avertis et soutenus; si elle exige que ceux qui sont établis dans des administrations publiques soient éclairés sans ménagement sur les personnes et sur les choses, quoique toutes ces démarches ne se puissent faire sans nuire d'une façon très directe et très radicale à la réputation et à la fortune, à plus forte raison la charité ne défend pas d'écrire, et par conséquent de lire, les histoires générales et particulières.
Outre les raisons qui ont ouvert ce discours, il en faut donner de nouvelles qui achèvent de lever tout scrupule à ce sujet. Je laisse les histoires générales pour me borner aux particulières de son pays et de son temps, parce que, si j'achève de démontrer que ces dernières sont licites, la même preuve servira encore plus fortement pour les histoires générales. Mais il faut se souvenir des conditions qui ont été proposées pour écrire. Écrire l'histoire de son pays et de son temps, c'est repasser dans son esprit avec beaucoup de réflexion tout ce qu'on a vu, manié ou su d'original sans reproche, qui s'est passé sur le théâtre du monde, les diverses machines, souvent les riens apparents, qui ont mis les ressorts des événements ayant eu le plus de suite et qui en ont enfanté d'autres; c'est se montrer à soi-même pied à pied le néant du monde, de ses craintes, de ses désirs, de ses espérances, de ses disgrâces, de ses fortunes, de ses travaux; c'est se convaincre du rien de tout par la courte et rapide durée de toutes ces choses et de la vie des hommes; c'est se rappeler un vif souvenir que nul des heureux du monde ne l'a été et que la félicité, ni même la tranquillité, ne peut se trouver ici-bas; c'est mettre en évidence que, s'il était possible que cette multitude de gens de qui on fait une nécessaire mention avait pu lire dans l'avenir le succès de leurs peines, de leurs sueurs, de leurs soins, de leurs intrigues, tous, à une douzaine près tout au plus, se seraient arrêtés tout court dès l'entrée de leur vie et auraient abandonné leurs vues et leurs plus chères prétentions; et que, de cette douzaine encore, leur mort, qui termine le bonheur qu'ils s'étaient proposé, n'a fait qu'augmenter leurs regrets par le redoublement de leurs attaches, et rend pour eux comme non avenu tout ce à quoi ils étaient parvenus.
Si les livres de piété représentent cette morale, si capable de faire mépriser tout ce qui se passe ici-bas, d'une manière plus expresse et plus argumentée, il faut convenir que cette théorie, pour belle qu'elle puisse être, ne fait pas les mêmes impressions que les faits et que les réflexions. C'est-à-dire qu'il s'agit de savoir une chose d'original signifie, dit l'Académie (1694), qu'on l'a apprise de ceux qui en doivent être les mieux informés ; et reproches, en termes de Palais, veut dire << les raisons qu'on produit pour récuser des témoins.
Numéro | Contenu |
---|---|
1 | Et biffé après monde. |
2 | De corrige ce. |
3 | Y est au-dessus de la ligne. |
4 | En corrige d. |
5 | Il y a bien tous dans le manuscrit, selon l'ancienne règle ou habitude d'accord, dont nous avons vu déjà un exemple ci-dessus, p. 7, ligne 41. |
L'histoire a un avantage, du point de vue de la charité, sur les occasions où l'on vient de voir qu'elle permet, et quelquefois prescrit, d'attaquer et de révéler les mauvais. C'est que l'histoire n'
Marie-Marguerite de Cossé
Marie-Marguerite de Cossé, fille de Louis, duc de Brissac, et de Catherine de Gondi, avait épousé, le 28 mars 1662, François de Neufville, duc de Villeroy, pair et maréchal de France, gouverneur du Lyonnais. Elle mourut le 20 octobre 1708, âgée de soixante ans.
Le Dictionnaire critique de Jal donne pour noms de la marraine : << Madame Marguerite-Gabrielle-Louise, princesse douairière de Montmorency. Or il n'y avait point de princesse de Montmorency, et nous devons lire : << Madame la Princesse douairière, Charlotte-Marguerite de Montmorency, >> veuve d'Henri II de Bourbon-Condé, et proche parente de la duchesse de Saint-Simon.
Je portai le nom de vidame de Chartres
Je portai le nom de vidame de Chartres, et je fus élevé avec un grand soin et une grande application. Ma mère, qui avait beaucoup de vertu et infiniment d'esprit de suite et de sens, se dévoua continuellement pour me former le corps et l'esprit. Elle craignait pour moi le sort des jeunes gens qui se croient leur fortune faite et qui se trouvent maîtres de bonne heure. Mon père, né en 1605, ne pouvait vivre assez longtemps pour me prémunir contre ce malheur, et ma mère me répétait sans cesse la nécessité pressante de se rendre utile en tant que jeune homme.
Les vidames
Au XVIIe siècle, le vidame de Laon appartenait à la maison de Roye, celui d'Amiens aux ducs de Chaulnes, celui du Mans aux Vassé. Le vidame de Chartres était attaché, depuis la fin du XIVe siècle, à la terre de la Ferté-Arnaud ou la Ferté-Vidame, sise dans le bailliage royal de Chateauneuf-en-Thimerais, et passée en 1374 dans la maison de Vendôme ; Claude de Saint-Simon en était devenu propriétaire le 1er août 1635.
Il parlera encore des vidames en général, et de celui de Chartres, à la charge de colonel général de l'infanterie pour le duc de Chartres.
Le maréchal de Lorge
De ce campement, M. de Villars envoya, le 8, une situation détaillée des régiments de cavalerie, dont nous aurons lieu d'extraire la partie relative à celui que commandait Saint-Simon. Si, dans un autre passage des Mémoires, le duc dit qu'il commença à écrire son journal au camp de Gau-Béckelheim, cette apparente contradiction s'explique par le fait que l'armée, après avoir épuisé les fourrages de Gimsheim, se transporta le 30 juillet à Gau-Béckelheim, qui est aussi une paroisse de la Hesse, mais située plus à l'ouest, assez près de Worrstadt. On ne quitta cette seconde position que vers le 10 septembre, en l'armée commandée par le maréchal duc de Lorge.
En 1694
En 1694, j'étais en philosophie et je commençais à monter à cheval à l'académie des sieurs de Mesmont et Rochefort. Je commençais aussi à m'ennuyer beaucoup des maîtres et de l'étude, et à désirer fortement d'entrer dans le service. Le siège de Mons, formé par le Roi en personne, à la première pointe du printemps, y avait attiré presque tous les jeunes gens pour aller chercher subsistance sur la Nahe. Voyez la correspondance du maréchal de Lorge, conservée au Dépôt de la guerre, vol. 1265 et 1266.
Guy de Durfort
Guy de Durfort, comte de Lorge, créé duc de Quintin-Lorge en 1691, était né à Duras le 22 août 1630 et était entré au service, comme capitaine de cavalerie, dès l'âge de quatorze ans. Il fut fait maréchal de camp en 1663, lieutenant général en 1672 et maréchal de France le 21 février 1676, après la mort de son oncle, le vicomte de Turenne, et capitaine d'une des quatre compagnies sur le service des mousquetaires au temps où Saint-Simon y entra; on les trouvera dans l'appendice du VII.
Le régiment d'infanterie du Roi
Dangeau (tome III, p. 332), à la date du 2 mai 1691, dit en effet que le duc de Saint-Simon a été fort malade dans son gouvernement de Blaye, qu'on a même répandu le bruit de sa mort, mais qu'il est en voie de rétablissement.
Cette fête
Cette fête tombe le 28 octobre, qui, en 1691, était un dimanche, jour de conseil royal et de présentations. Dangeau (tome III, p. 423) ne mentionne que l'arrivée du maréchal de Luxembourg dans l'après-midi. Maupertuis, capitaine des mousquetaires gris, avait une fortune et un caractère notables.
Et, comme il fut question de moi, le Roi, me trouvant petit et bien délicat, lui dit que j'étais encore bien jeune. Mon père répondit que je l'en servirais plus longtemps.
Là-dessus, le Roi lui demanda dans laquelle des deux compagnies il voulait me mettre. Mon père choisit la première, à cause de Maupertuis, son ami particulier, qui en était capitaine. Outre le soin qu'il s'en promettait pour moi, il n'ignorait pas l'attention avec laquelle le Roi s'informait de ces deux capitaines des jeunes gens distingués qui étaient dans leurs compagnies, surtout de Maupertuis, et combien leurs témoignages influençaient sur les premières opinions.
Titre : Tion de Mademoiselle
(2 février 1681), prince de Dombes et comte d'Eu. Avant qu'il ait accompli sa quatrième année, le Roi lui donna, le 1er février 1674, la charge de colonel général des Suisses et Grisons, vacante par la mort du comte de Soissons.
Le 13 août 1675, il eut le régiment d'infanterie du maréchal de Turenne ; le 29 mai 1682, le gouvernement du Languedoc ; le 2 juin 1686, le cordon du Saint-Esprit ; le 15 septembre 1688, la charge de général des galères et lieutenant général des mers du Levant, en place de son cousin maternel le duc de Mortemart ; le 24 octobre suivant, un régiment de cavalerie ; le 2 avril 1690, le grade de maréchal de camp ; le 3 mai 1692, celui de lieutenant général ; le 1er novembre 1693, le régiment Royal-Carabiniers.
En 1694, il prit rang parmi les pairs de France et succéda au maréchal d'Humières comme grand maître de l'artillerie. Déclaré prince du sang en 1714 et surintendant de l'éducation du nouveau roi en 1715, il mourut le 4 mai 1736.
Françoise-Athénaïs de Rochechouart
Née en 1641, au château de Tonnay-Charente, elle était fille de Gabriel de Rochechouart, marquis de Mortemart, et de Diane de Grandseigne. Nommée en 1660 fille d'honneur de la Reine, elle se maria, le 28 janvier 1663, à Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan.
On verra dans les Mémoires comment ce mariage fut annulé de fait par la volonté du Roi, lorsque Mme de Montespan devint sa maîtresse ; mais la séparation de corps légale ne fut prononcée queContent to review:
<< t bien leur devoir dans le cours de cette campagne. (Arch. nationales, K 124, ne 4.)
Voyez la Gazette de 1692, p. 251-989, et surtout une lettre de Racine, pleine d'admiration, dans ses Œuvres, tome VII, p. 34-35. Beaurain fit graver l'ordre de bataille des deux armées.
Le Roi ne resta que six jours à Givry, du 17 au 22 mai 1692 (Dangeau).
Le siège fut annoncé le 24 au soir, et le Roi arriva devant Namur le 26 au matin, trois jours après son départ de Givry. On trouve dans l'Histoire de la vie et du règne de Louis XIV de Bruzen de la Martinière, tome IV, p. 569-578, un résumé des récits du siège faits par Quincy et les autres contemporains ; voir aussi la Gazette de 1692, p. 271-380, passim, et la relation du Mercure, volumes de juin et juillet 1692.
Ces deux journaux reproduisent presque textuellement les lettres de Racine (Œuvres, tome VII, p. 47 et suivantes), que Boileau communiquait à Renaudot. également à Racine que l'on doit attribuer la relation qui a été réimprimée en dernier lieu par M. Mesnard, dans les Œuvres de J. Racine, tome V, p. 305-348, et à laquelle sont joints, dans l'album de cette édition, la carte et les deux plans gravés en 1692.
Enfin, on peut suivre exactement les mouvements de l'armée sur le journal inédit du duc du Maine, dans les manuscrits de l'abbé de Dangeau, ms. Fr, 22679, fol. 492-203 et 234-970.
Siège de Namur par le Roi en personne
Commandants | Rôle |
---|---|
Monseigneur | Commandant de l'armée sous le Roi |
Monsieur | Commandant de l'armée sous le Roi |
Monsieur le Prince | Commandant de l'armée sous le Roi |
Maréchal d'Humières | Commandant de l'armée sous le Roi |
M. de Luxembourg | Général de la sienne, couvrait le siège |
Au troisième jour de marche, Monsieur le Prince fut détaché pour aller investir la ville de Namur. Le célèbre Vauban, l'âme de tous les sièges, était sous les ordres du Roi.
Philippe, fils de France
Philippe, fils de France, duc d'Orléans, dit Monsieur, second fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, né le 21 septembre 1640, mort le 9 juin 1701.
Henri-Jules
Henri-Jules, à la mort du duc de la Feuillade, le 4 février 1692, fut bientôt fait maréchal de France, le 27 mars 1693, puis gouverneur de Lille et de la Flandre française en 1694, duc et pair en 1695.
Il eut aussi la Toison d'or en 1703 et une des quatre compagnies des gardes du corps en 1704. Mort le 22 août 1711, à Paris. On trouve ses états de services, brevets, portraits, etc., dans le volume 1163 des mss. Clairambault, fol. 410 et suivants.
Le Roi était arrivé le 26 mai devant Namur, mais la tranchée n'avait été ouverte que dans la nuit du 29 au 30. La capitulation de la ville fut signée le 5 juin au matin, ce qui donne seulement sept jours.
Louis de Damas
Louis de Damas, comte de Cormaillon, après avoir servi contre les Turcs comme capitaine d'infanterie, était revenu en France comme ingénieur et avait déjà été blessé à Philipsbourg.
Il venait d'épouser la veuve du président Barentin, et ce mariage lui avait attiré quelques chansons (Chansonnier, ms.
Ses tentes et celles de toute la cour
Furent dressées dans un beau pré, à cinq cents pas du monastère de Marlagne. Le beau temps se tourna en pluies, de l'abondance et de la continuité desquelles personne de l'armée n'avait vu d'exemple, et qui donnèrent une grande réputation à saint Médard, dont la fête est au 8 juin. Il plut tout ce jour-là à verse, et on prétend que le temps qu'il fait ce jour-là dure quarante jours de suite. Le hasard fit que cela arriva cette année.
Les soldats, au désespoir de ce déluge, firent des imprécations contre ce saint, en recherchant des images, et les rompirent et brûlèrent, tant qu'ils en trouvèrent. Ces pluies devinrent une plaie pour le siège. Les tentes du Roi n'étaient communicables que par des chaussées de fascines, qu'il fallait renouveler tous les jours à mesure qu'elles s'enfonçaient ; les camps et les quartiers n'étaient pas plus accessibles, les tranchées pleines d'eau et de boue ; il fallait souvent trois jours pour remuer le canon d'une batterie à une autre. ## Reddition
Nom | Titre | Rôle |
---|---|---|
M. d'Elbeuf* | Lieutenant général | Présent lors de la chamade |
Monsieur le Duc de Namur | Maréchal de camp | Présent lors de la chamade |
M. d'Elbeuf mena les otages au Roi, qui régla bientôt une capitulation honorable.
Le jour où la garnison sortit, le plus pluvieux qu'il ait fait, le Roi, accompagné de Monseigneur et de Monsieur, fut à mi-chemin de l'armée de M. de Luxembourg, où ce général vint recevoir ses ordres pour le reste de la campagne.
Le prince d'Orange* avait mis toute sa science et ses ruses pour déposter pendant le siège, sur lequel il bravait de tomber; mais il eut affaire à un homme qui lui avait déjà montré qu'en matière de guerre, il en savait plus que lui, et continua à le lui montrer le reste de sa vie.
Pendant cette légère course du Roi, le prince de Barbançon sortit par la brèche à la tête de sa garnison, qui comptait encore deux mille hommes, défilant devant Monsieur le Prince et le maréchal d'Humières, entre deux haies des régiments des gardes françoises et suisses, ainsi que du régiment d'infanterie du Roi*. Barbançon fit un assez mauvais compliment à Monsieur le Prince et parut désespéré de la perte de son gouvernement. Il en était également grand bailli et en tirait cent mille livres de rente. Cependant, il ne les regretta pas longtemps, car il fut tué l'été suivant à la bataille de Nerwinde.
La place, l'une des plus fortes des Pays-Bas, avait la gloire de n'avoir jamais changé de maître. Elle éprouva donc un grand regret à son départ, et les habitants ne pouvaient contenir leurs larmes.
Jusqu'aux solitaires de Marlagne en furent profondément touchés, au point qu'ils ne purent déguiser leur douleur, même si le Roi, touché par la perte de leur blé, qu'ils avaient retiré dans Namur, leur en fit donner le double, ainsi qu'une abondante aumône. Ses égards pour ne pas les troubler furent également présents.
Le conseil royal d'en haut s'occupait des affaires diplomatiques, tandis que le conseil des dépêches, ou du dedans, gérait l'administration intérieure.
Nom | Détails |
---|---|
Henri de Lorraine, duc d'Elbeuf | né le 7 août 1664, entré au service en 1677, fait maréchal de camp en avril 1691. Mort le 12 mai 1748. |
Louis II de Bourbon-Condé, duc de Bourbon | né le 11 octobre 1668, mort le 4 mars 1740; grand maître de France, chevalier des ordres et gouverneur de Bourgogne. |
Guillaume de Nassau | stathouder de Hollande, né en 1650, mort en 1704; roi d'Angleterre en 1688 sous le nom de Guillaume III. |
De (dé?) corrigé en le | |
1er juillet 1692 | (Gazette, p. 379). Il sortit environ deux mille cinq. |
Cents hommes
Avec seize cents sortis du fort Neuf, c'était tout le reste d'une garnison de neuf mille deux cents hommes.
Emmanuel-Théodose de la Tour-d'Auvergne
Emmanuel-Théodose de la Tour-d'Auvergne, cardinal de Bouillon, né le 24 août 1643 et mort le 2 mars 1745. Il était abbé de Cluny, de Saint-Ouen de Rouen, de Saint-Martin de Pontoise, etc., et grand aumônier de France depuis 1674 ; il fut## Cents hommes
Ils viennent tous à l'office le dimanche, emportent leur provision du couvent, préparent seuls leur repas durant la semaine, ne sortent jamais de leur petite demeure, y célèbrent leur messe, qu'ils sonnent, et que le voisin, qui entend la cloche, vient répondre, puis s'en retourne sans dire un mot. La prière, la contemplation, et le travail de leur petit ménage, comme faire des paniers, partagent leur temps, à l'imitation des anciennes laures.
Il arriva une chose à Namur après sa prise qui fit du bruit et qui aurait pu avoir de fâcheuses suites avec un autre prince que le Roi. Avant qu'il entrât dans la ville, ou pendant le siège du château, il n'aurait pas été convenable qu'il eût été visité. On inspecta tout avec exactitude, bien que, par la capitulation, les mines, les magasins, et tout en un mot, aient été montrés.
Lorsque, lors d'une dernière visite après la prise du château, on voulut faire une visite chez les jésuites, ils ouvrirent, tout en marquant toutefois leur surprise et leur méfiance quant à leur témoignage. En fouillant partout où ils ne s'y attendaient pas, on trouva leurs souterrains pleins de poudre, dont ils s'étaient bien gardés de parler. Ce qu'ils en prétendaient faire demeura incertain. On enleva leur poudre, et, comme c'étaient des jésuites, il n'en fut rien.
Le Roi essuya, pendant le cours de ce siège, un cruel tire-laisse. Il avait en mer une armée navale commandée par le célèbre Tourville, vice-amiral, et les Anglais, une autre.
Titre | Date de naissance | Remarques |
---|---|---|
Anne-Hilarion de Costentin, comte de Tourville | 1642 | Baptisé le 24 novembre, en l'église Saint-Sauveur. Admis dans l'ordre de Malte dès l'âge de quatre ans. Capitaine de vaisseau le 24 décembre 1666. |
Jacques II | 1633 | Fils du roi Charles Ier et de la reine Henriette de France. Devenu roi d'Angleterre en 1685, détrôné en 1688. Réfugié en France, mort en 1701. |
En faveur de sa nation
Quoique aucun d'eux ne lui ait tenu les paroles sur lesquelles il avait emporté de faire donner le combat.
Pontchartrain
Pontchartrain était alors secrétaire d'État, ayant le département de la marine, ministre d'État, et en même temps contrôleur général des finances. Ce dernier emploi l'avait fait demeurer à Paris. Il adressait ses courriers et ses lettres pour le Roi à Chateauneuf, son cousin, Phélypeaux comme lui, et aussi secrétaire d'État, qui en rendait compte au Roi.
Pontchartrain dépêcha un courrier.
Nom | Titre | Date |
---|---|---|
Louis Phélypeaux | Comte de Pontchartrain | 29 mars 1643 |
Conseiller au parlement de Paris | 14 février 1661 | |
Premier président du parlement de Bretagne | 16 juin 1677 | |
Intendant des finances | 25 avril 1687 | |
Contrôleur général | 20 septembre 1689 | |
Secrétaire d'État de la maison du Roi et de la marine | 8 novembre 1690 | |
Chancelier | 2 septembre 1699 | |
Mort | 22 décembre 1711 |
Nom | Titre | Date |
---|---|---|
Balthazar Phélypeaux | Marquis de Chateauneuf et de Tanlay | |
Comte de Saint-Florentin | ||
Seigneur de la Vrilliére | ||
Greffier des ordres du Roi | 3 mars 1713 | |
Secrétaire d'État | 1676 | |
Mort | 27 avril 1700 |
[1692] De Saint-Simon
Avec la triste nouvelle, mais tenue en ces premiers moments dans le plus grand secret.
Un courrier de retour de Barbezieux, secrétaire d'État ayant le département de la guerre, l'allait, par hasard, retrouver en ce même moment devant Namur.
Il joignit bientôt celui de Pontchartrain, moins bon courrier et moins bien servi sur la route. Ils lièrent conversation, et celui de terre fit tout ce qu'il put pour tirer des nouvelles de celui de la mer.
Pour en venir à bout, il courut quelques heures avec lui. Ce dernier, fatigué de tant de questions et se doutant bien qu'il serait devancé, lui dit enfin qu'il contenterait sa curiosité, s'il lui promettait d'aller de conserve et de ne pas le devancer, parce qu'il avait un grand intérêt à porter le premier une si bonne nouvelle. Tout de suite, il lui annonça que Tourville avait battu la flotte ennemie, et lui raconta je ne sais combien de vaisseaux pris ou de couverts.
Je vis, pour la première fois, que les cours ne sont pas longtemps dans l'affliction ni occupées de tristesses.
Le gouvernement de Namur et de son comté fut donné à Guiscard. Il était maréchal de camp, mais fort oublié et fort attaché à ses plaisirs. Il avait le gouvernement de Sedan, qu'il conserva, et qu'il avait eu de la Bourlie.
Dangeau
Dangeau ne parle pas de cette aventure et rapporte seulement les divers bruits qui circulèrent dans le camp royal à partir du 2 juin. Néanmoins, Saint-Simon a raconté les mêmes faits dans son Addition et l'article du Journal de Dangeau du 5 juin 1692.
Nom | Titre | Date de naissance | Date de décès | Remarques |
---|---|---|---|---|
Louis, comte de Guiscard | Colonel | 27 septembre 1651 | décembre 1720 | Commandant à Dinant depuis le 3 février 1690, maréchal de camp depuis le 19 octobre 1690. |
Georges de Guiscard | Comte de la Bourlie | décembre 1693 | Nommé sous-gouverneur de Louis XIV en 1648, maréchal de camp en 1681. |
Il mourut en décembre 1720. Georges de Guiscard, comte de la Bourlie, mort en décembre 1693, à quatre-vingt-sept ans. Nommé sous-gouverneur de Louis XIV en 1648, maréchal de camp en 1681, lieutenant général en 1672, il se démit du gouvernement de Sedan au mois de mai 1692.
Père, sous-gouverneur du Roi
La surprise du choix fut grande, et la douleur de ceux de Namur, accoutumés à n'avoir pour gouverneurs que les plus grands seigneurs des Pays-Bas. Guiscard eut le bon esprit de réparer ce qui lui manquait par tant d'affabilité et de magnificence, par une si grande aisance dans toute la régularité du service d'un gouvernement si jaloux, qu'il se gagna pour toujours le cœur et la confiance de tout son gouvernement et des troupes qui s'y succédèrent à ses ordres.
Deux jours après la sortie de la garnison ennemie, le Roi s'en alla à Dinant, où étaient les dames, avec qui il retourna à Versailles. J'avais espéré que Monseigneur achèverait la campagne et que je serais du détachement des mousquetaires qui demeurerait avec lui; et ce ne fut pas sans regret que je repris, avec toute la compagnie, le chemin de Paris. Une des couchées de la cour fut à Marienbourg, et les mousquetaires campèrent autour. J'avais lié une amitié intime avec le comte de Coétquen, qui était dans la même compagnie.
On dit figurément qu'une place, une forteresse est jalouse, pour dire qu'elle est entre deux ou plusieurs États qui lui donnent envie de la posséder. Tenir une place, un État en jalousie signifiait les tenir dans la crainte, et dans l'incertitude si on les attaquerait ou non. Écrivant le 4 juillet 1692 au maréchal de LContent to review:
Exactement retenu. Cet événement arriva dans les premiers jours de juin 1693, selon le Journal de Dangeau (tome IV, p. 801).
Nom | Titre | Date |
---|---|---|
Henri-Charles de Mornay-Montchevreuil | Page de la grande écurie | Janvier 1673 |
Henri-Charles de Mornay-Montchevreuil | Cornette au régiment d'Heudicourt | |
Henri-Charles de Mornay-Montchevreuil | Capitaine |
Enfants naturels de Louis XIV
Nom | Mère | Statut | Date de naissance | Date de légitimation | Remarques |
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Louis-Alexandre de la Vallière | Mlle de la Vallière | Prince du Sang | |||
Marie-Anne de Bourbon | Mme de Montespan | Princesse douairière | 2 octobre 1666 | mars 1681 | Mariée à Louis-Armand de Bourbon |
Louis-Armand de Bourbon | Prince de Conti | ||||
Philippe de France | Duc du Maine | ||||
Louis de France | Comte de Toulouse | ||||
Françoise de France | Mademoiselle de Blois |
Nom | Naissance | Légitimée | Mariage | Décès |
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Louise-Françoise de Bourbon | 4 juin 1673 | décembre 1673 | 24 juillet 1683 à Louis III | 16 juin 1743 |
Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon | 27 novembre 1633 | N/A | 1651 à Paul Scarron | 15 avril 1719 |
Françoise-Marie de Bourbon | 4 mai 1677 | novembre 1681 | 18 février 1692 au duc de Chartres | 4 février 1749 |
Madame, seconde femme de Monsieur | 27 mai 1652 | N/A | 16 décembre 1671 | 8 décembre 1722 |
Louis de Lorraine | 7 décembre 1641 | N/A | N/A | 13 juin 1718 |
Philippe de Lorraine, dit le chevalier de Lorraine, avait été destiné à l'ordre de Malte. Il devint maréchal de camp en 1668 et fut pourvu, de 1672 à 1679, sur la présentation de Monsieur, des abbayes en commende de Saint-Jean-des-Vignes, Saint-Benoît-sur-Loire, Saint-Père, Tiron, etc. Né en 1643, il mourut le 8 décembre 1702.
Le chevalier et son frère aîné, Monsieur le Grand, étaient fils du célèbre comte d'Harcourt et de Marguerite-Philippe du Cambout de Pontchâteau. Ils furent tous deux, avec le comte de Brionne, fils aîné de Monsieur le Grand, compris dans la promotion du Saint-Esprit de 1688.
On trouve un joli portrait au lavis du chevalier de Lorraine dans le ms. Clairambault 1160, fol. 192. L'abbé de Choisy, dans la Vie de Daniel de Cosnac qui lui est attribuée (Mémoires de Daniel de Cosnac, tome III, p. 244), dit que le chevalier était fait << comme on peint les anges.
En 1686, l'Ordre ne comptait déjà plus que huit princes de la maison royale, quatre prélats, trois chevaliers étrangers et treize Français, << la plupart estnt elles assurément qui ont fait ce coup-là... ; mais, pour parler selon le temps, c'est M. de Marcillac et M. le chevalier de Lorraine qui ont fait cette affaire. (Correspondance de Bussy-Rabutin, édition de M. Ludovic Lalanne, tome V, p. 162.)
Dangeau, en mentionnant la mort du marquis de Sillery, dit qu'il avait soixante-quinze ans et s'était retiré depuis deux ans au château de Liancourt, que lui avait prêté son neveu, le duc de la Rochefoucauld. (Journal, tome III, p. 304.) Cette cure fut occupée de 1645 à 1678 par Pierre Marlin, auquel succéda Léonard de Lamet.
Guillaume Dubois
Guillaume Dubois, second fils d'un médecin de Brive, naquit en cette ville le 6 septembre 1666. Il y commença son éducation chez les Pères de la Doctrine chrétienne et prit la tonsure à treize ans. La position médiocre de son père ne lui avait pas permis d'achever ses humanités à Paris, si le marquis de Pompadour, lieutenant général de la province, ne lui avait conféré la jouissance d'une bourse au collège Saint-Michel, fondé par les ancêtres du marquis, rue de Bièvre.
De 1672 à 1674, Dubois fit sa philosophie et sa théologie. Entre cette époque et celle où l'abbé entra dans la maison du jeune duc de Chartres, il s'écoula dix ans. C'est pendant ce temps que, suivant Saint-Simon, Dubois aurait été successivement valet du principal du collège et du curé de Saint-Eustache.
Les faits ainsi racontés, avant Saint-Simon, par l'avocat Barbier (Chronique de la Régence.... ou Journal, éd. Charpentier, tome I, p. 142) sont contestés par l'historiographe moderne du cardinal, M. le comte de Seilhac (l'Abbé Dubois, premier ministre de Louis XV), et par un contemporain de Dubois, le P. Léonard.
L'un et l'autre disent que l'abbé avait été pris en affection par le principal du collège, qui était un ecclésiastique limousin de grande réputation, très charitable et très savant, Antoine Faure, docteur de la Sorbonne, prévôt et théologal de Reims, vicaire général de l'archevêque le Tellier. M. Faure, dit le P. Léonard (Arch. nat., M 762, fol. 31, Recueil des ecclésiastiques illustres, tant séculiers que réguliers, qui n'ont pas écrit), lui donnait à subsister et le logeait. Il lui procura même, pendant quelque temps, une position de précepteur, mais il le rappela bientôt au collège pour approfondir certaines parties de son instruction.
L'abbé avait conservé la jouissance de quelques droits de bourse et d'obits. De plus, il donnait des leçons de géographie, et, entre autres élèves, il avait le futur duc de Choiseul, ce qui le fit connaître à M. de Saint-Laurent, sous-gouverneur du duc de Chartn 1690, le Roi lui donna l'abbaye d'Ayrvault, en Poitou. Comme le crédit de son élève l'avait fait nommer principal du collège Saint-Michel, un arrêté du Conseil, en date du 17 avril 1690, le dispensa de la résidence exigée par les statuts de cet établissement, afin qu'il pût se consacrer entièrement au prince.
Le marquis d'Argenson a raconté, dans ses Mémoires, que Dubois osa, à l'occasion du mariage de 1692, demander un chapeau de cardinal au Roi, qui lui offrait le choix entre toutes les récompenses. Cependant, tout cela semble peu vraisemblable, car Dubois n'était pas assez << fou >> pour compromettre une fortune à peine commencée.
Il est certain que, peu après le mariage, Dubois fit sa cour au chevalier de Lorraine et au marquis d'Effiat, premier écuyer de Monsieur, amis intimes, ce dernier ayant également beaucoup de crédit sur son maître. Cela ne se pouvait proposer de plein saut ; mais ces protecteurs auxquels il eut recours éloignèrent le choix d'un précepteur, puis se servirent des progrès du jeune prince pour ne pas changer de main et laisser faire Dubois. Enfin, ils le bombardèrent précepteur.
En 1693, il se trouvait dans << un état si violent >>, selon sa propre expression, qu'il se décida à demander au Roi, par l'entremise du P. de la Chaise, un bénéfice qui lui permit de continuer ses fonctions (Abbé Dubois, tome I, p. 286) : il obtint l'abbaye de Saint-Just, qui rapportait 5050 livres.
1. Antoine Coiffier
Antoine Coiffier, dit Ruzé, marquis d'Effiat, de Chilly et de Longjumeau, né en 1638, mort à Paris, le 3 juin 1719, fut fait chevalier des ordres en 1688. Il fut grand bailli, gouverneur et capitaine des chasses de Montargis, plus tard premier écuyer et premier veneur du duc d'Orléans, et conseiller au conseil de régence. Le duc d'Orléans avait voulu le faire gouverneur de son fils ; Madame s'y opposa avec énergie, comme le montre sa lettre en date du 26 août 1689 (Lettres inédites de la princesse Palatine, publiées par M. A.-A. Rolland, p. 401 et suivantes).
Voici, selon le P. Léonard, un exemple de la façon dont les leçons se donnent pour le plus grand avantage de l'élève et du maître tout à la fois :
<< M. Dubois s'appliqua à rechercher et étudier l'histoire d'Allemagne, les généalogies, les traités de paix, les intérêts des princes allemands, etc. Pour réussir, il chercha l'amitié de M. Guillard, qui sait parfaitement l'histoire d'Allemagne, et de M. de Saint-Prest, qui lui firent donner plusieurs mémoires et traités manuscrits, qu'il fit copier.
Ils les firent étudier à M. de Chartres ; après quoi, on organisa une conférence en présence de Monsieur, de Madame et de quantité de personnes de qualité, ainsi que de plusieurs qui avaient été employés dans les négociations d'Allemagne. Ils l'interrogèrent sur cette histoire, les intérêts, les généalogies, leurs prétentionsons.
D'après le plan gravé chez de Mortin
L'appartement du duc de Chartres se composait des pièces en enfilade situées à la suite du salon de la Chapelle et de la Tribune, et donnait, par derrière, sur la galerie qui prenait jour sur la cour dite de la Bouche. Plus tard, cet appartement fut occupé par le duc du Maine.
Monsieur avait une compagnie de gardes du corps français, commandée par deux capitaines. Deux des exempts servaient ordinairement auprès du duc de Chartres ; selon l'État de la France de 1692 (tome I, p. 733), c'étaient le sieur de Villeferme et le sieur Langlois. L'exempt prenait rang entre les officiers des gardes et les sous-officiers ; comme les premiers, il portait un bâton de commandement, insigne de ses privilèges et de ses pouvoirs. Dans l'armée, il avait rang de capitaine, et même de mestre de camp, après quelques années de service. t les autres guides du même genre. La chapelle ancienne dont il est question ici est aujourd'hui le vestibule de la nouvelle, commencée en 1699 et terminée en 1710.
L'appartement paré, et qui pourtant ne savait et ne se doutait même de rien, si bien que, naturellement très timide et craignant horriblement le Roi, elle se crut mandée pour essuyer quelque réprimande, et entra si tremblante que Mme de Maintenon la prit sur ses genoux, et elle la tint toujours, la pouvant à peine rassurer. À ce bruit de ces personnes royales mandées chez Mme de Maintenon, et Mademoiselle de Blois avec elles, le bruit du mariage éclata à l'appartement, en même temps que le Roi le déclara dans ce particulier. Il ne dura que quelques moments, et les mêmes personnes revinrent à l'appartement, où cette déclaration fut rendue publique.
J'arrivai dans ces premiers instants. Je trouvai le monde par pelotons, et un grand étonnement régner sur tous les visages. J'en appris bientôt la cause, qui ne me surprit pas, par la rencontre que j'avais faite au commencement de l'après-dinée. Madame se promenait dans la galerie avec Chateautiers, sa favorite, et digne de l'être; elle marchait à grands pas.
3. Cette construction de l'infinitif
Après "trouver", qui est une faute en français, donne lieu à un curieux rapprochement. C'est un tour très correct en allemand; Schiller, par exemple, dans la Conjuration de Fiesque, commence la scène x du Ve acte par une phrase qui, traduite mot à mot, signifie : << Nous avons trouvé le More jeter une mèche allumée dans l'église des jésuites.
Son mouchoir à la main, pleurant sans contrainte
Parlant assez haut, gesticulant, et représentant fort bien Cérès après l'enlèvement de sa fille Proserpine, la cherchant en fureur et la redemandant à Jupiter. Chacun, par respect, lui laissait le champ libre, et ne faisait que passer pour entrer dans l'appartement. Monseigneur et Monsieur s'étaient remis au lansquenet. Le premier me parut tout à son ordinaire; mais rien de si honteux que le visage de Monsieur, ni de si déconcerté que toute sa personne; et ce premier état lui dura plus d'un mois. M. son fils paraissait désolé, et sa future dans un embarras et une tristesse extrême. Quelque jeune qu'elle fût, quelque prodigieux que fût son mariage, elle en voyait et en sentait toute la scène, et en appréhendait toutes les suites. La consternation parut générale, à un très petit nombre de gens près. Pour les Lorrains, ils triomphaient. La sodomie et le double adultère les avaient bien servis en les servant bien eux-mêmes. Ils jouissaient de leurs succès, et, comme ils en avaient toute honte bue, ils avaient raison de s'applaudir. La politique rendit donc cet appartement languissant en apparence, mais en effet vif et curieux. Je le trouvai court dans sa durée ordinaire; il finit par le souper du Roi.
Madame disait que c'était la seule personne désintéressée
Qu'elle ait rencontrée en quarante ans, et Saint-Simon lui reconnaîtra ailleurs << une vertu sans soupçon dans le centre de la corruption. En mai 1689, elle avait été appelée, malgré Monsieur, et par la volonté expresse de Madame, à remplir auprès de cette princesse une moitié de la charge de dame d'atour, que laissait vacante la mort de Mme de Durasfort; en 1706, elle passa première dame. Elle mourut le 30 juin 1741, âgée de près de quatre-vingts ans.
La phrase n'est pas bien claire
Par suite de l'accord irrégulier du gérondif en servant, qui se rapporte au régime, au lieu de se rapporter au sujet, du verbe "avaient servi". Le sens est : << La sodomie et le double adultère, qu'ils avaient bien servis (ce dernier dans ses suites), les avaient bien servis à leur tour, leur avaient été très profitables.
En est ajouté en interligne
Duquel je ne voulus rien perdre. Le Roi y parut tout comme à son ordinaire. M. de Chartres était auprès de Madame, qui ne le regarda jamais, ni Monsieur. Elle avait les yeux pleins de larmes, qui tombaient de temps en temps, et qu'elle essuyait de même, regardant tout le monde comme si elle avait cherché à voir quelle mine chacun faisait. M. son fils avait aussi les yeux bien rouges, et tous deux ne mangèrent presque rien. Je remarquai que le Roi offrit à Madame presque tous les plats qui étaient devant lui, et qu'elle les refusa tous d'un air de brusquerie, qui, jusqu'au bout, ne rebuta point l'air d'attention et de politesse du Roi pour elle.
Il fut encore fort remarqué qu'au sortir de table et à la fin de ce cercle debout, d'un moment, dans la chambre du Roi, il fit à Madame une révérence très marquée et basse, pendant laquelle elle fit une pirouette si juste, que le Roi, en se relevant, ne trouva plus que son dos, et elle avançait d'un pas vers la porte.
Le lendemain, toute la cour fut chez Monsieur, chez Madame```markdown # La différence des airs qu'on joue alors
Les branles consistent en trois pas et un pied-joint qui se font en quatre mesures ou coups d'archet.
Rôle | Nom |
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Louis de France | Duc de Bourgogne, fils aîné du grand Dauphin et de Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière; né le 6 août 1682, devenu dauphin le 14 avril 1711, mort le 18 février 1712. |
Dansa pour la première fois
Peu après, les fiançailles et la signature du contrat de mariage eurent lieu dans le cabinet du Roi, en présence de toute la cour. Ce même jour, la maison de la future duchesse de Chartres fut déclarée, et le Roi donna un chevalier d'honneur et une dame d'atour, jusqu'alors réservés aux filles de France, ainsi qu'une dame d'honneur, ce qui fut une si étrange nouveauté.
Rôle | Nom |
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Chevalier d'honneur | M. de Villars |
Dame d'honneur | Maréchale de Rochefort |
Dame d'atour | Comtesse de Mailly |
Premier écuyer | Comte de Fontaine-Martel |
Elisabeth-Charlotte d'Orléans, sœur du duc de Chartres, née le 13 septembre 1676, du second mariage de Philippe d'Orléans avec Elisabeth-Charlotte de Bavière, et titrée Mademoiselle, comme la fille de Gaston. Cette princesse épousa, le 13 octobre 1698, Léopold-Joseph-Charles-Dominique-Hyacinthe-Agapet, duc de Lorraine et de Bar. Elle mourut le 23 décembre 1744.
Marie-Louise du Bouchet, fille du marquis de Sourches, grand prévôt de l'hôtel du Roi, née en 1663, mariée le 4 mars 1694 à Louis Colbert, comte de Linières, et morte le 8 avril 1749.
Comparez Dangeau, tome IV, p. 29, et le Mercure galant, février 1692, p. 307-317. Le même Mercure (p. 336) donne la liste des danseurs, où le vidame de Chartres figure en face de Mademoiselle de Sourches, et M. de Montbron en face de Mademoiselle de Moreuil.
Le contrat fut passé à Versailles le 17 février 1692.
Saint-Simon écrit afours au pluriel, donnant au mot son sens actuel de << parures, objets de parure ; >> mais la vraie orthographe, ancienne et moderne, est bien afour. Ce nom signifiait dans l'origine << apprêt, >> et particulièrement << toilette : >> voyez l'historique de l'article Arour dans le Dictionnaire de M. Littré, et ci-après, p. 86, note 4.
Les fonctions de chevalier d'honneur et de premier écuyer, chez les princesses, équivalaient, mais sans égalité, à celles de grand chambellan et de premier gentilhomme chez le Roi. Voyez une Addition de Saint-Simon au Journal de Dangeau, 8 mars 1698.
Sur l'organisation de cette maison et sur les appointements de Villars, il était petit-fils d'un greffier de Condrieu, un homme de France le mieux fait et de la meilleure mine.
On se battait fort à son temps ; il était brave et adroit aux armes, et avait acquis de la réputation très jeune en des combats singuliers. Cela couvrit sa naissance aux yeux de M. de Nemours, qui aimait à s'attacher des.
Nom | Détails |
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Pierre, marquis de Villars | Premier gentilhomme de la chambre du prince de Conti en 1656 |
Lieutenant général en 1637 | |
Gouverneur de Besançon en 1668 | |
Ambassadeur extraordinaire de 1672 à 1679 | |
Conseiller d'État d'épée en 1683 | |
Chevalier des ordres en 1688 | |
Mort le 20 mars 1698, à l'âge de soixante-quinze ans | |
Charles-Amédée de Savoie | Duc de Nemours, né en avril 1624 |
Brave, estimé par le duc de Nemours | |
Épousa sa cousine Elisabeth de Vendôme, sœur du duc de Beaufort, tué en duel le 30 juillet 1682 | |
François de Vendôme | Duc de Beaufort, petit-fils d# 6. Les Mémoires de Daniel de Cosnac |
Les Mémoires et la Vie de Daniel de Cosnac, publiés pour la Société de l'Histoire de France par M. le comte de Cosnac (tomes I, p. 140 et 144, et II, p. 198 et 199), racontent de manière précise, tout comme Saint-Simon, les circonstances singulières qui firent la fortune de Villars. Cela se passait à Vienne, en Dauphiné, dans les derniers jours de 1633. Peu de temps après, étant à Lyon, le prince nomma Villars premier gentilhomme de sa chambre. Il est inutile d'ajouter que l'idée bizarre d'un duel avec le duc d'York sortit de l'esprit du prince, sans que ce duc, alors sur la frontière, en eût eu connaissance.
D'après ce familier du prince, les négociations matrimoniales avaient été entamées, et la demande faite par Sarrasin, le poète et secrétaire du prince de Conti, bien avant que le marquis de Villars fût enrôlé dans cette petite cour. Les détails donnés par l'évêque de Valence sont d'autant plus vraisemblables que Villars vivait retiré à Vienne, et que les dernières questions, celles d'argent, furent débattues, et les articles signés à Auxerre, avant même qu'il arrivât à Paris.
Du reste, dans l'Addition au Journal de Dangeau du 15 août 1684 (n° 19), Saint-Simon dit que Villars fit cette alliance seulement << en partie. Le mariage eut lieu au Louvre, le 22 février 1654, et, le soir même, Cosnac remit sa charge à Villars, ne trouvant plus convenable que le prince, redevenu laïque, fût servi par un abbé. Comparez Amédée Renée, les Nièces de Mazarin, p. 115 et suivantes, et les extraits des Mémoires d'André d'Ormesson publiés par M. Chéruel, tome II, p. 682 et suivantes.
Villars, qui était janséniste, fut un des principaux agents de la cour.
Villars devint le confident des deux époux
Il établit leur lien avec le cardinal, et tout cela avec toute la sagacité et la probité possibles. Une telle situation le mit en vue dans le monde, et dans un monde fort au-dessus de lui, parmi lequel, malgré la fortune qu'il a faite depuis, il ne s'est jamais méconnu. Sa figure lui donna accès chez les dames ; il était galant et discret, et cette qualité ne lui fut pas inutile.
Il plut à Mme Scarron, qui, sur le trône où elle sut régner longtemps par la suite, n'a jamais oublié ces sortes d'amitiés si librement intimes. Villars fut employé auprès des princes d'Allemagne et d'Italie, puis ambassadeur en Savoie, en Danemark et en Espagne, où il réussit, et se fit estimer et aimer partout.
Il obtint ensuite une place de conseiller d'État d'épée, et, au scandale de l'ordre du Saint-Esprit, il fut de la promotion de 1688. Sa femme contribua à la conversion des deux époux. La princesse devint une adepte fervente de Port-Royal ; quant au prince, non content d'avoir fait amende honorable en public de ses erreurs et de ses fautes, il écrivit un livre contre la comédie et les spectacles, qu'ils, qui fut aussi duc de Sully, et deux filles : l'une carmélite, l'autre, Marguerite-Louise, mariée le 23 janvier 1658 à Armand de Gramont, comte de Guiche, puis remariée le 6 février 1681 à Henri de Daillon, duc du Lude, chevalier des ordres, grand maître de l'artillerie de France. La duchesse du Lude fut successivement dame du palais de la Reine et dame d'honneur de la duchesse de Bourgogne. Elle mourut à Paris le 21 janvier 1726, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
Sa mère, Charlotte Séguier, s'était remariée le 29 octobre 1668 avec Henri de Bourbon, légitimé de France, fils d'Henri IV et de la marquise de Verneuil, titrée duchesse de Verneuil, pair de France, gouverneur et vice-roi de Languedoc (1601-1682). Elle mourut le 5 juin 1704, à l'âge de quatre-vingt-un ans et dix mois.
La maréchale de Rochefort naquit posthume, seule de son lit, en 1646, et M. de Boisdauphin, frère aîné de son père, n'eut point de postérité. Elle épousa, en 1662, le marquis, depuis maréchal de Rochefort-Alogny, peu de mois après que l'héritière de Souvré, sa cousine issue de germain, eut épousé M. de Louvois. Cette héritière était fille du fils de M. de Courtenvaux.
L'orthographe régulière est Aloigny ; les signatures donnent Alongny ou Allongny.
3.
François (dit François-Michel) le Tellier, sieur de Chaville, puis marquis de Louvois, fils du chancelier Michel le Tellier (voyez p. 84, note 4) et d'Elisabeth Turpin, né le 18 janvier 1641,## De Saint-Simon
La maréchale de Rochefort était en relations étroites avec Mmes de la Vallière, de Montespan et de Soubise, et surtout avec la dernière, jusqu'au temps où j'ai connu la maréchale, et elles demeurèrent toujours intimement liées. Elle le devint après avoir connu Mme de Maintenon chez Mme de Montespan, à qui elle s'attacha à mesure qu'elle vit arriver et croître sa faveur. Au moment du mariage de Monseigneur, le Roi n'eut pas honte de la faire dame d'atour de la nouvelle Dauphine. Cependant, n'osant pas la mettre en pleine lumière, il ne trouva pas mieux que de nommer la maréchale de Rochefort pour être en premier et pour s'accommoder d'une compagne si étrangement inégale, tout en ayant pour elle toutes les déférences que sa faveur exigeait. Elle y remplit parfaitement les espérances qu'on avait placées en elle.
Il reviendra sur cette aventure et sur Mme de Soubise, au propos des princes étrangers, en 1698.
Au temps où Mme de Maintenon était chargée de l'éducation des enfants naturels du Roi
La faveur de Mme de Maintenon était telle qu'elle était au comble. Saint-Simon a effacé les deux derniers mots pour écrire au-dessus : "presque telle", puis il a encore effacé "presque".
Voyez ci-après, p. 291, note 4.
Mme de Sévigné écrivait, le 13 décembre 1679
<< Il y en a qui disent que Mme de Maintenon sera placée d'une manière surprenante ; ce ne sera pas à cause de Quanto (Mme de Montespan), car c'est la plus belle haine de nos jours ; elle n'a vraiment besoin de personne que de son bon esprit. -- Ce fut le premier exemple de deux dames d'atour attachées à la même princesse. Selon Mme de Caylus, le Roi eut la politesse de demander à Mme de Rochefort si cette compagne, Mme de Maintenon, ne lui ferait point de peine, et il l'assura que la marquise ne se mêlerait en rien du service. Les deux dames furent nommées ensemble, Mme de Maintenon en seconde position, le 8 janvier 1680 (Arch. nat., O'24, fol. b v° ; voyez les Souvenirs de Mme de Caylus, p. 494). Après la mort de la Dauphine, elles reçurent toutes deux, le 96 août 1691, une pension de 9000 livres.
La dame d'atour présidait à la toilette et dirigeait les femmes de chambre chargées de l'habillement et de la coiffure.
En cas de paravent conçus, elle sut néanmoins se concilier l'amitié et la confiance de Madame la Dauphine jusqu'à sa mort, quoiqu'elle ne pût souffrir Mme de Maintenon, ni cette pauvre princesse. Une femme si connue du Roi et si fort à toutes mains était tout à fait appropriée pour être mise auprès de Mme la duchesse de Chartres, qui entrait si fortement de travers dans une famille tellement au-dessus d'elle, avec une belle-mère outrée qui n'était pas femme à contraindre ses mépris.
Si une maréchale de France, et de cette qualité, avait surpris le monde dans la## Mes de Mailly
De Lauraguais, de Vintimille et de Châteauroux. Charlotte, mariée en 1711 au prince de Nassau-Siegen.
Froquer
Habiller d'un froc, mettre dans un couvent. Le mot n'est ni dans l'Académie, ni dans Furetière. M. Littré le donne avec ce seul exemple de Saint-Simon.
Victor-Augustin de Mailly
Entré d'abord, comme novice, à l'abbaye de Saint-Victor de Paris, puis fut évêque de Lavaur. François fut archevêque d'Arles et de Reims, cardinal en 1719. Marie-Louise fut abbesse de Lavaur et de Saint-Victor.
Le Comte de Mailly
Le comte de Mailly, qui leur avait échappé, ne voulait rien lui donner, ni le marier. C'était un homme de beaucoup d'ambition, qui se présentait à tout, aimable s'il n'avait pas été si audacieux, et qui avait le nez tourné vers la fortune. C'était une sorte de favori de Monseigneur. Avec ces avances, il voulut s'appuyer sur Mme de Maintenon pour sa fortune et pour obtenir un patrimoine de son père. C'est ce qui fit le mariage, en faisant espérer monts et merveilles aux vieux Maillly, qui voulaient du présent et sentaient, en gens d'esprit, que, le mariage fait, on les laisserait là, comme il arriva.
Mais, lorsqu'on a écouté un mariage de cette autorité, il ne se trouve plus de porte de derrière, et il leur fallut sauter le bâton d'assez mauvaise grâce. La nouvelle comtesse de Mailly avait apporté tout le gauche de sa province, dont, faute d'esprit, elle ne sut se défaire, et enta dessus toute la gloire de la toute-puissante faveur de Mme de Maintenon : bonne femme et très amie d'ailleurs, noble et magnifique, mais glorieuse à l'excès et désagréable avec le gros du monde, avec peu de conduite, et fort particulière.
Les Maillly trouvèrent cette place, avec raison, bien mauvaise, mais il leur fallut l'avaler. Jeanne-Charlotte-Rose devint procureure perpétuelle de Poissy en 1707; enfin, Anne-Marie-Madeleine-Louise, dont Saint-Simon parle ici en dernier lieu, avait épousé en 1687 son cousin, chef de la branche aînée, René V, marquis de Mailly, colonel du régiment d'Orléanais, lequel mourut au mois de juillet 1698.
Il passait de plus pour avoir les bonnes grâces de Madame la Duchesse. (Chansonnier, ms. Fr. 12690, p. 107.)
Avances
Avances, avantages préliminaires, moyens de succès qu'on a avant toute démarche pour l'objet qu'on a en vue. Saint-Simon change ainsi, devant l's du pluriel, Py en P.
Mlle de Saint-Hermine
Les avances, ou avantages préliminaires, sont les moyens de succès que l'on possède avant toute démarche pour l'objet que l'on a en vue. Saint-Simon change ainsi, devant le "s" du pluriel, "Py" en "P".
Services et Éloge
Elle lui rendit des services signalés auprès du duc d'Orléans et conserva toujours la faveur de ce prince. Le marquis d'Argenson (Journal et Mémoires, éd. Rathery, tome I, p. 147-149) a fait une peinture piquante des derniers temps de sa vie, et Voltaire a vanté son esprit, ses soupers, son heureuse vieillesse, dans une épître de 1732 qui commence ainsi :
O très-singulière Martel,
J'ai pour vous estime profonde,
et finit : Martel, l'automne de vos jours
vaut mieux que le printemps d'une autre.
Date | Événement | Référence |
---|---|---|
18 février 1692 | Journal de Dangeau, tome IV, p. 29 -30 | Mercure galant, février 1692, p. 317-330 |
Saint-Simon écrit tantôt prie-dieu, tantôt prié-dieu | Voyez La Bruyère, tome II, p. 9 | |
7 décembre 1663 | Jules-Armand Colbert, marquis d'Ormoy | Baptisé, revêtu dès 1672 de la survivance de la charge de surintendant des bâtiments |
17 août 1704 | Mort de Jules-Armand Colbert | Des suites de blessures glorieuses reçues à la bataille de Hochstedt |
Sur la charge de grand maître des cérémonies | Voyez les Mémoires du marquis de Sourches, tome I, p. 23 ; le Journal de Dangeau, tome VIII, p. 61, et État de la France. | |
Vers 1632 | Nicolas Sainctot, deuxième du nom |
Nom | Titre | Date de décès | Âge |
---|---|---|---|
Henri de Bourbon-Verneuil | Fils naturel d'Henri IV et d'Henriette de Balzac | 28 mai 1682 | 80 ans |
Emmanuel, deuxième du nom | Comte de Crussol, duc d'Uzès, pair de France | 4 juillet 1692 | 50 ans |
Marie-Béatrix-Eléonore d'Este
Marie-Béatrix-Eléonore d'Este, fille du duc de reçues à la bataille de Hochstedt, avait un aspect très désagréable, avec des joues énormes, etc. Voyez une épigramme de Madame la Duchesse, dans le Chansonnier, ms. Fr. 12691, p. 449. Comparez Dangeau, tome IV, p. 32-33. Mme de Caylus, liée avec Madame la Duchesse, prétend (Souvenirs, p. 509) que celle-ci vit sans chagrin le mariage de sa sœur.
Aux deux bals
Nom | Date de naissance | Rôle | Autres détails |
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François, comte de Montbron | 1632 | Lieutenant des mousquetaires du cardinal Mazarin | Traça de la charge de capitaine-lieutenant lors de la retraite de Maulévrier; nommé lieutenant-colonel du régiment du Roi en 1672. |
Maréchal de camp | Commanda sur les frontières ou à Metz; fait lieutenant général en février 1677; gouverneur d'Arras et de Gand, même année. | ||
Gouverneur de Tournai | Gouverneur de Cambrai, lieutenant général, seul lieutenant général de Flandres. |
Ce jeune homme, qui n'avait encore que peu ou point paru à la cour, menait Mlle de Moreuil, fille de la dame d'honneur de Madame la Duchesse. Elle faisait partie des bâtards de cette grande maison de Moreuil, et, tout comme lui, elle ne devait pas être admise à cet honneur. On lui avait demandé s'il dansait bien, et il avait répondu avec confiance, ce qui donna envie de trouver qu'il dansait mal.
On eut du contentement. Dès la première révérence, il se déconcerta : plus de cadence dès les premiers pas. Il crut rattraper son erreur et couvrir son défaut par des airs penchés et un haut port de bras : ce ne fut qu'un ridicule de plus, qui excita une risée qui se transforma en éclats de rire.
Une charge de lieutenant général dans la Flandre française
Créée pour lui, il se démit en 1682 du gouvernement de Tournai pour prendre celui de Cambrai, auquel il se consacra dès lors tout entier. Il fut chevalier de l'Ordre à la promotion de 1688 et mourut le 46 mars 1708. (Voyez son article dans l'Abrégé historique de la maison du Roi, tome II, p. 203-206.)
Son fils, Charles-François-Anne, marquis de Montbron, né le 9 novembre 1674, avait fait ses premières armes comme mousquetaire en 1691 au siège de Mons. Il venait d'être nommé, le 30 février 1692, sous-lieutenant au régiment du Roi; il combattit à Namur et à Steinkerque, devint lieutenant en novembre 1692, capitaine le 9 février 1693, colonel du régiment de Cambrésis le 17 octobre suivant, eut le régiment du Dauphin en mars 1694, fut fait brigadier d'infanterie en 1702 et mourut de la petite vérole à Ulm en Allemagne au mois de janvier 1704.
Jean de Soissons
Jean de Soissons, seigneur de Moreuil et prince de Poix au quinzième siècle, avait laissé un bâtard qui mérita le surnom de Grand Capitaine sous François Ier. De ce bâtard descendait Alphonse de Moreuil, dit le comte de Moreuil, seigneur de Liomer, Brocourt, etc., premier écuyer du prince de Condé et premier gentilhomme de Monsieur le Duc, marié à Hélène Fourré de Dampierre, dame d'honneur de Madame la Duchesse, et père de Marie de Moreuil, dernière du nom, qui épousa en novembre 1693 Jean-Nicolas de Barbezières, marquis de Chemeraulf, colonel du régiment de Périgord, plus tard lieutenant général.
Le respect de la présence du Roi, qui avait peine à s'empêcher de rire, dégénéra enfin en véritable huée. Le lendemain, au lieu de s'enfuir ou de se taire, il s'excusa sur la présence du Roi, qui l'avait étourdi, et promit merveilles pour le bal qui devait suivre.
Dès qu'au second bal on le vit pris à danser, voilà les uns en pied, les plus reculés à l'escalade, et la huée si forte qu'elle fut poussée aux battements de mains. Chacun, et le Roi même, riait de tout son cœur, et la plupart en éclats, en telle sorte que je ne crois pas que personne ait jamais rien essuyé de semblable.
Aussi disparut-il incontinent après, et ne se remontra-t-il de longtemps. Il eut depuis le régiment Dauphin-infanterie## De Saint-Simon
Nom | Détails |
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Sans alliance | Morte le 23 octobre 1700 |
Anne-Louise-Bénédicte, dite Mademoiselle de Charolais | Née le 8 novembre 1676 |
Marie-Anne, dite Mademoiselle d'Enghien | Née le 24 février 1678 |
Mme de Caylus s'accorde avec Saint-Simon dans les détails qu'elle donne sur les filles de Monsieur le Prince; mais elle se trompe, comme on le voit, lorsqu'elle dit (Souvenirs, p. 510) qu'il ne restait à choisir qu'entre deux : il y en avait trois. Madame la Duchesse les appelait les poupées du sang.
Voyez le portrait de Monsieur le Prince dans la suite des Mémoires, tome VI, p. 327-338.
Ce mariage avait été projeté, et même réglé, dès le temps où Monsieur le Duc avait épousé Mademoiselle de Nantes. Voyez une lettre de Mme de Sévigné, 15 avril 1685. Dangeau ne parle des demandes qu'aux dates des 12 et 13 février 1692.
Anne de Bavière, seconde fille d'Édouard de Bavière, comte palatin du Rhin, de la branche électorale, et d'Anne de Gonzague de Clèves ; née le 13 mars 1648, mariée à Henri-Jules de Bourbon, prince de Condé, le 11 décembre 1663, morte le 23 février 1723. Elle était cousine germaine de Madame.
Les fiançailles se firent dans le cabinet du Roi, et peu après, sur la fin du carême, le Roi et toute la cour furent à Trianon, où il y eut appartement et un grand souper pour quatre-vingts dames, en cinq tables, tenues chacune par le Roi, Monseigneur, Monsieur, Madame et la nouvelle duchesse de Chartres. Le lendemain, mercredi 19 mars, le mariage fut célébré à la messe du Roi par le cardinal de Bouillon.
(Journal de Dangeau, tome IV, p. 46-47). Voyez, dans le Mercure galant, mars 1692, p. 295-319, et dans la Gazette, p. 143-444, le détail de toutes les cérémonies.
Le contrat fut passé| Rôle/Relation |
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| Bonne-Angélique de Mornay-Montchevreuil | Fille du marquis de Montchevreuil |
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| Mme de Manneville | Belle-fille de la dernière duchesse de Luynes |
| François-Bonaventure | Père de M. de Manneville |
| Marguerite d'Aligre | Mère de M. de Manneville |
| Louis-Charles d'Albert | Deuxième mari de Marguerite d'Aligre |
| Etienne-Joseph | Comte de Manneville et marquis de Charleménil |
| Etienne d'Aligre | Fils d'un autre Etienne, chancelier sous Louis XII |
Louis de Mornay, marquis de Villarceaux
René de Mornay-Villarceaux
René de Mornay-Villarceaux, abbé de Saint-Quentin près Beauvais depuis 1642, mort le 27 septembre 1691, sept mois après son frère, en faveur de qui il avait renoncé à l'aînesse. Loret dit dans la Muse historique (31 mai 1653) :
Le sieur abbé de Villarceaux,
Qui, s'il avait d'or plein vingt seaux,
Et d'argent trente bourses pleines,
Les viderait dans trois semaines.... Lui qui n'a pas dans sa pochette
Le plus souvent trois quarts d'écu.
Relations de Madame Scarron avec Villarceaux
Pour des informations sur les relations de Madame Scarron avec Villarceaux, voir l'Histoire de Madame de Maintenon, par M. le duc de Noailles, tome I, p. 207 et suivantes, où il est prouvé que ces relations n'eurent point le caractère que leur prêtent ici les Mémoires. Comparez avec Tallemant des Réaux, dans l'historiette de Madame Scarron, les Souvenirs de Madame de Caylus (p. 494), les Causeries d'un curieux de M. Feuillet de Conches (tome II, p. 387 et suivantes), Madame de Montespan, par P. Clément (p. 76 et suivantes), et Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. Chéruel (p. 505 et 506).
Villarceaux est une commune de Chaussy, canton de Magny, département de Seine-et-Oise. Le château appartient aujourd'hui à M. L. Cartier. On y voit, dans un pavillon du parc, le portrait d'une femme nue, dont le corps a été voilé après coup, et qui passe pour être Ninon ou Madame Scarron.
Villarceaux avait épousé, par contrat du 18 mars 1643, avec une dot de 450 000 livres, Denise de la Fontaine, fille d'honneur de la Reine, très mêlée à toutes les intrigues du temps, sous le nom de Mlle d'Esches. Elle était fille d'Anne de la Fontaine, seigneur d'Esches et d'Orgerus, et d'Isabeau Boucher d'Orsay, et très proche parente de la mère du duc Claude de Saint-Simon, qui était aussi une Denise de la Fontaine. M. et Mme de Villarceaux eurent quatre enfants. En outre, Villarceaux eut de Ninon de Lenclos un fils naturel, qui fut légitimé le 29 novembre 1690, sous les noms de Louis-François de Mornay de la Boissière. (Arch. nat., O! 34, fol. 315.) Voir son historiette dans Tallemant, tome VI, p. 8-9 et 27-29.
Montchevreuil, commune de Fresneaux, canton de Méru, département de l'Oise.
Ce château est encore la résidence de la famille de Mornay, à laquelle il appartient depuis 1339.
Le P. Laguille, dans des Fragments sur la vie de Mme de Maintenon, publiés par M. Édouard Fournier (Variétés historiques et littéraires, tome VII, p. 71), raconte que ce fut M. de Montchevreuil qui fit présenter Mme Scarron par Mme de Saint-Hermine, pour élever le premier enfant de Mme de Montespan et du Roi. Par réciprocité, Mme de Maintenon fit confier Mademoiselle de Blois et la marquise de Montchevreuil, lorsqu'on la retira de Mme de Montespan.
Les trois témoins du mariage, non encore prouvé, de Mme de Maintenon et de Louis XIV furent, selon Saint-Simon, l'archevêque de Paris (Harlay de Champvallon), Louvois et Montchevreuil. Cependant, selon une autre relation, il y aurait eu d'autres témoins, le maréchal de Noailles et Bontemps, en plus de Montchevreuil, l'archevêque et le P. de la Chaise.